Contre les jouets sexistes par chlorine
Ce petit livre, écrit par un collectif d'associations, se lit très facilement et a été un vrai régal pour moi.
L'introduction présente très bien le but du livre, en précisant que les auteurs appartiennent à un courant féministe auquel j'adhère complètement : les différences entre les comportements et les goûts des hommes et des femmes dans notre société proviennent d'un apprentissage de la société qui pousse les uns et les autres à se comporter de telle ou telle manière.
À partir de là, le livre explore la manière dont les jouets qui sont offerts aux petits garçons et aux petites filles participe à cet apprentissage. Il y a bien sûr le classique "Les petites filles jouent à la poupée, les petits garçons jouent aux petits soldats", mais le livre va bien au delà de ça en analysant méthodiquement les thèmes des jeux, les emballages, le marketing et la publicité qui pousse les enfants à demander tel ou tel jeu, et ainsi de suite. Des analyses des catalogues de jouets montrent par exemple que les photos d'enfants illustrant ces catalogues les représentent dans des attitudes très différentes : les petits garçons jouent à l'extérieur et ont des activités guerrières et/ou aventurières, les petites filles jouent à l'intérieur de la maison à la poupée ou à la marchande.
Le livre consacre également une partie dédiée à des témoignages de puériculteurs/trices, racontant des situations où, dans des crèches, certains de leurs collègues ont pu pousser des enfants à se conformer à un certain stéréotype de comportement. Celui qui m'a le plus marqué concerne un petit garçon que son éducatrice amène elle-même à la crèche, après que ses parents l'aient déposé chez elle le matin. Le petit garçon, arrivé dans une salle contenant de nombreux jouets, se dirige vers un tas de poupées, en prend une, l'installe dans une poussette et joue à la promener dans la salle. Son éducatrice s'approche alors de lui et lui propose un autre jeu, plus adapté aux garçons. La personne qui fait ce témoignage va alors discuter avec l'éducatrice et lui demande qui des deux parents lui amène le petit garçon le matin, et il en ressort que c'est le père, qui amène le petit garçon en poussette. L'éducatrice suite à cette conversation conclut qu'il n'y a rien d'anormal à ce que le petit garçon joue à imiter son père, et va présenter ses excuses au petit garçon en lui disant qu'elle s'est trompée et qu'il peut jouer à ce qui lui fait envie.
Je conclue cette note de lecture en remerciant mes parents de ne jamais m'avoir offert des jeux sexistes (petite fille je jouais aussi bien à la poupée qu'avec un bulldozer et un camion benne), et je vous laisse méditer sur cette citation qui me semble particulièrement adaptée à l'agora : "Parmi les multiples accessoires de Barbie, on ne trouve pas un seul livre."