C'est toujours une surprise pour les adeptes des romans et recueils Fantasy de Léa Silhol de découvrir l'aspect strictement Fantastique / terreur / SF de son oeuvre. L'autrice est protéiforme et ne s'en cache pas ! Personnellement, j'adore. Rien de pire qu'un auteur normé, qui suit bien tranquillement son petit sillon. On est ici, évidemment, aux antipodes, et cet aspect "explosera" littéralement dans l'indescriptible "Fovéa", livre d'une innovation et d'une originalité que je n'aie jamais trouvé, ailleurs, que chez Danielewski.
La fantasy n'est pas totalement absente du sommaire, toutefois, avec la remarquable "Une Hécate et son chien" (une de mes nouvelles préférées de L. Silhol), et la Fantasy urbaine avec l'extraordinaire (le mot est faible !) "De Nuit, de Glace, d'Argent". Un petit tour en littérature générale aussi avec "Le Lied d'intransigeance", superbe apologie de la nature des artistes.
Au rayon SF (ou plutôt Science Fantasy, ici ?) je reste très marqué par "l'Ordalie des Matriarches".
Enfin, la structure narrative (nouvelles présentées, tour à tour, par un même conteur qui s'adresse à la Mort - tout cela très "Mille et une nuits") et l'organisation du sommaire en nuancier autour des nuances de gris (que personne ne le fasse des idées, ici, surtout ! ;) ) signe vraiment la "patte" de l'autrice, qui nous a très tôt habitué à ces architectures très personnelles. La structure de CALM préfigure les "romans en lambeaux", selon le terme initié dans "Avant l'Hiver".
Pour finir, la couverture de Christopher Shy est une splendeur, qu'on regrette de ne pas avoir en plus grand format.
De la démesure, de l'hubris, des personnages sans concession, comme toujours. Bref... du Silhol, quelle que puisse être la (très anecdotique) étiquette de genre. LS n'a pas besoin de l'ultra-poésie de ses sagas Fantasy pour nous tenir la tête sous l'eau... et qu'on en redemande !