Je ne connaissais pas du tout Armelle Carbonel. L'idée de base, une émission de télé-réalité aux États-Unis où des condamnés à mort doivent gagner leur grâce, m'a paru amusante. J'étais curieuse de voir comment ce serait traité.
Dès les premières pages, le style m'a rebutée. Il fonctionne principalement à grands renforts d'adjectifs et d'adverbes tous piochés dans le même panier. L'accent mis sur le champ lexical du macabre est mal dosé pour deux principales raisons.
La première, c'est qu'il y en a des TARTINES : c'est indigeste et l'effet est un peu ridicule.
La deuxième, c'est qu'il n'est pas assez varié : si je mettais un marque-page à chaque occurrence du mot "folie" ou "fou/folle", le livre ressemblerait à un hérisson (même chose si je choisissais le mot "mort", "diable" ou "horreur").
Je passe rapidement sur les personnages de tueurs, dont aucun n'arrive à dépasser le cliché qu'il incarne : le psychiatre plus fou que ses patients (mais qui parle plus comme quelqu'un qui a appris la psychologie sur Doctissimo), le pédophile subtil vs. le pédophile pas subtil, le Black des quartiers chauds issu d'un gang, le "Français" (c'est bien connu, les Ricains les détestent), le mec tranquille qui inquiète parce qu'il est trop tranquille, et bien sûr, le quota féminin : la bandante et la moins bandante.
Sans trop spoiler, les vraies/fausses apparitions paranormales ne pèchent pas par leur originalité non plus.
Mais peut-être que le côté stéréotypé était voulu, comme une forme d'humour.
Lorsque je tombe sur certaines incohérences, comme le fait qu'un tueur remarque que sa victime se met soudainement à le vouvoyer (rappelons qu'on est aux États-Unis), j'ai l'impression d'être en train de lire un de ces textes amateurs en quête de bêta-lecteurs, en marge duquel, pédagogue, je signale à l'auteur que des anglophones ne peuvent pas passer du "tu" au "vous".
Je ne suis pas partisane de l'ultra-réalisme dans la fiction, encore moins dans la littérature de genre, mais ce type de détails, couplé à la lourdeur des phrases et aux poncifs, flinguent petit à petit l'atmosphère.
Or, l'atmosphère reste un enjeu très important dans un polar.
Ça, et le suspense.
Alors pour conclure, je dirai quand même que, même si le côté excessivement démonstratif de l'action et du style lui nuisent, le suspense fonctionne parfois. Parfois. Même si la clé de l'énigme est un peu prévisible.