Critique de Crux par Luk
En voulant frapper plus fort sur tous les niveaux, Ramez Naam rate sa cible et transforme un excellent livre d'anticipation (Nexus) en thriller de gare jetable à la Crichton. Dommage.
Par
le 18 mai 2014
Crux est le deuxième roman de la trilogie Nexus, de Ramez Naam, un techno-thriller d’anticipation transhumaniste, centré sur une drogue éponyme basée sur des nanomachines, qui agit comme un système d’exploitation pour ceux qui en prennent et qui leur permet de se connecter, partager des expériences… ou pire.
Après les événements du premier tome, Kade Lane, un des trois créateurs de Nexus, est en fuite, quelque part entre Laos, Cambodge, Vietnam et Thaïlande. Il passe de monastère en monastère – les moines bouddhistes le considèrent comme un héros pour avoir créé le Nexus – accompagné de son garde du corps Feng, un ancien soldat-clone chinois.
Dans le même temps, l’ex-agent américain Samantha Cataranes suit la trace des enfants nés avec le Nexus et, aux USA, Martin Holzmann, un des directeurs de la sécurité a une crise de conscience alors qu’il traque un groupe terroriste pro-Nexus. En parlant de conscience, celle de la scientifique chinoise Su-Yong Shu est coincée dans un ordinateur fermé au monde extérieur et torturé par son mari.
Au cœur de l’histoire, il y a cette notion d’une technologie transgressive, qui peut changer le monde pour le meilleur comme pour le pire, et de son usage par les protagonistes. Dans ce monde de 2040, les nations riches font tout pour contrôler ce genre de technologies émergentes, alors que les autres nations les adoptent avec enthousiasme parce que c’est la seule chance qu’elles ont d’accéder à la richesse – même si le prix est de terribles catastrophes.
Le Nexus est de celles-ci: en transformant le cerveau de celui qui en prend en super-ordinateur, il permet de prendre le contrôle de son propre corps et aussi de se mettre en réseau avec d’autres. C’est une technologie qui permet notamment aux parents d’enfants autistes d’enfin pouvoir communiquer avec eux, mais qui ouvre la porte à des prises de contrôle d’utilisateurs de Nexus par des individus mal intentionnés.
Kade, qui a aménagé une backdoor dans le Nexus avant de rendre le code source public, va devoir faire le choix d’utiliser ou non cette backdoor pour empêcher ces prises de contrôle, surtout lorsqu’il s’aperçoit que le Front de libération posthumain utilise le Nexus pour transformer des personnes en bombes humaines.
Par rapport au premier tome de la trilogie, j’ai trouvé Crux nettement plus nerveux, avec un rythme plus enlevé. Là encore, comme j’ai lu le premier en français et celui-ci en anglais, je me demande si ce n’est pas un problème de traduction plus que d’écriture. Cela dit, j’ai aussi l’impression que la trame est plus ramassée, les objectifs des uns et des autres mieux définis et, du coup, on a quelque chose qui ressemble plus à un thriller.
L’action saute principalement entre les acteurs présents en Asie du Sud-Est (Kade, Feng et Sam) et ceux aux USA, avec quelques intermèdes à Shanghai où la fille de Shu essaye de sauver sa mère. Le gros du bouquin se déroule sur quelques jours à peine, un mois à tout casser. Et, effectivement, pas mal de choses cassent – à commencer par les routines de combat type « Bruce Lee » de Kade, qui foirent toutes lamentablement.
La lecture de Crux a dissipé l’à priori mitigé que j’avais sur la série à la fin de Nexus. Peut-être que quelqu’un qui aurait lu le premier tome en anglais pourrait confirmer ou infirmer mon sentiment sur le rythme. Quoi qu’il en soit, la trilogie passe de « mouais pas mal » à « ah ouais cool ». J’entame la lecture du troisième tome, Apex, avec enthousiasme.
Chronique précédemment publiée sur alias.codiferes.net
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Créée
le 3 févr. 2017
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