Nouveau roman d’Élodie Serrano, et une nouvelle fois elle nous transporte dans une aventure haletante dont on aura du mal à décrocher. Nous envoyant cette fois-ci dans un Londres victorien aux côtés de démystificateurs de renom, l’autrice nous propose une intrigue qui abandonne cette fois-ci le space opera pour du bon vieux fantastique à tendance fantasy. Pourtant, on y retrouvera une nouvelle fois des ingrédients qui lui sont chers : un personnage féminin féministe, de l’action palpitante, cette critique acerbe sur les politiciens, et puis, bien sûr, ces créatures gigantesques. Allégorie de l’environnement et de la planète, qu’il faut traiter avec respect, sur lesquels nous n’avons qu’un contrôle illusoire, et avec lesquels nous devons apprendre à vivre en harmonie pour atteindre un équilibre.
L’histoire sera prenante et dans l’ensemble plutôt bien menée. C’est toujours aussi fluide et dynamique, raison pour laquelle on a du mal à reposer le livre une fois lancé. La dynamique entre les personnages est plutôt intéressante, notamment le trio Anna-Anton-Gauthier. C’est à la fois naturel et on s’y attache assez vite, même si j’ai un peu moins apprécié Anton. Il y a bien sûr cette connexion entre les deux, où on pourrait presque croire à un béguin, mais on sent que pour Anna, ça ne va pas plus loin qu’une relation professionnelle cordiale, voire même amicale. Alors qu’à l’inverse, entre elle et Gauthier, on sent cette distance professionnelle à chaque instant, mais on note ici et là que chacun tient fort à son partenaire. Sans verser là aussi dans la romance, on sent une forme de respect et de complicité entre les deux, même si Gauthier ne sait pas l’exprimer correctement.
Toutefois, j’étais un peu déçu que la créature surgisse aussi tôt dans le texte (à la moitié du récit) et que, par conséquent, le mystère soit assez vite évincé sans vraiment de remise en question, Anton devinant la solution très tôt et faisant mouche du premier coup. La conséquence directe, c’est que les personnages vont courir un peu à droit à gauche sans réel but pendant un moment sans que l’intrigue n’avance réellement ; alors que ça aurait été chouette de les voir tâtonner pour trouver l’origine de ce mystère et de les voir confronter leurs opinions de façon plus concrète qu’un simple chamaillage (pour le coup, je comprends tout à fait Anna).
Un roman très chouette donc ! Même si sa structure narrative m’a un peu laissé sur ma faim (j’aurais vraiment voulu en voir plus sur l’avant-découverte, découvrir un peu plus le monde d’Anton et comment Gauthier aurait essayé de le rationaliser), c’était un régal à lire et j’en ai dévoré les pages. J’espère qu’on aura droit à d’autres aventures de nos démystificateurs !