Tom Clancy revient ici avec un livre profondément moderne de par les peurs qu’ils exploitent : la cybercriminalité, qui nous apparaît encore plus dangereuse que la menace nucléaire, et bien sûr la géopolitique. On quitte ainsi pour un temps la menace terroriste pour revenir à ce bon vieux temps où les pays s’affrontaient dans une guerre silencieuse. Cette fois-ci, la guerre froide n’est pas contre la Mère Russie mais bien cet ennemi terrifiant qu’est la République populaire de Chine.
Si l’histoire est une nouvelle fois prenante, passionnante et toujours aussi riche en détail ; on remarquera que les antagonistes sont plutôt unidimensionnels et très basiques au final. L’intérêt vient du côté de nos héros, où chacun se retrouve face à la menace d’une ennemi invisible et insaisissable. C’est là que Tom Clancy fait fort, rendre son antagoniste omniprésent et en même temps virtuel. Ce qui nous terrorise, ce ne sont pas les Chinois qui tentent (encore) de réclamer une parcelle de territoire, mais bien ce Centre omnipotent qui semble tout savoir sur tout le monde. Cela créé une atmosphère d’insécurité permanente et on ne sait plus à qui se fier.
On retrouve bien sûr des personnages bien connus et si le Campus subira sa plus lourde attaque, il n’en ressortira pas moins renforcés. Quand ce n’est pas Jack Ryan Sr du Bureau Ovale, c’est Junior qui sauve le monde et tente de passer à travers les affres de la vie d’espion. Commencé avec Les Dents du tigre, on assiste au dernier acte de ce turn over des héros, où Jack Ryan et John Clark étaient les principales figures et laissent peu à peu place à la nouvelle génération (au point que parfois, dans certain passage avec Chavez, je croyais que c’était Clark).
Bref, Tom Clancy revient là dans un format proche de ses débuts, un réel roman d’espionnage, un thriller géopolitique avant-gardiste pointant du doigt les nouvelles peurs de ce XXIe siècle. Sans pour autant atteindre le niveau du bon vieux temps, *Cybermenace* est incontestablement le meilleur tome de ce « reboot ».