Dans le camp des assassins par Angélita
Clémence a 16 ans. Elle est élève en classe de première et vit avec sa grand-mère à Toulouse. Un évènement va bouleverser sa vie d’adolescente. Elle apprend que son père a tué un homme en Espagne et qu’il doit passer au tribunal pour être condamné. Comment va-t-elle réagir ?
Clémence est une jeune fille comme les autres. Elle vit chez sa grand-mère depuis le divorce de ses parents. Un père violent qui revient de temps à autre mais qui fait bénéficier de sa bonne humeur à sa mère et sa fille. De toutes façons, elles sont obligées d’avancer à pas feutrés pour qu’il ne s’énerve pas.
Dans ce roman, court, aux personnages multiples, le lien indéfectible entre Clémence et sa grand-mère est un des éléments du roman. Sa grand-mère est la personne la plus proche, celle qui la comprend le plus. Alors, quand elle lui annonce la terrible nouvelle, elle veut la voir souffrir comme elle, elle souffre. Surtout que Clémence ne doit rien dire. Toulouse est une grande ville, mais c’est une ville du sud où dans les quartiers, surtout celui où elles habitent, habités par des personnes âgées, chacun est à l’affut de ce qui se passe chez le voisin pour cancaner. Sa grand-mère veut la protéger de tous, du regard, des remarques des gens. Mais Clémence a un caractère impétueux. Cette nouvelle va la faire souffrir, elle va changer sous le regard de ses amis et en particulier de celui qui l’aime. Elle sera beaucoup moins la jeune fille colérique que tout le monde connait.
Mais Clémence ne peut pas se taire. Elle avoue tout à son amie, dont le père est gendarme.
Clémence a également un caractère violent comme son père. Mais c’est une jeune fille qui aime sa grand-mère plus que tout au monde. Elle souhaite retrouver sa jeunesse mais pas son enfance lorsque sa mère était battue et son père violent.
Dans ce court roman, Marie-Claude Bérot annonce les sentiments à l’état brut. D’un côté une mère qui souffre, de l’autre une jeune fille qui se sent abandonnée par ce crime qui lui fait imaginer qu’elle aussi est responsable. Quand un adulte tue un autre adulte, pourquoi les enfants se sentent-ils responsables des actes de leurs parents ? Elle préfère ensuite idolâtrer ce père et seulement se rappeler les meilleurs moments.
La mère de Clémence est présente mais l’une et l’autre n’ont rien en commun. Une femme qui a souffert et qui a préféré abdiquer face aux choix de sa fille pour vivre sa relation amoureuse pleinement. Mais c’est cette femme qui va apprendre à sa fille et à son ex belle mère la suite des évènements.
L’histoire est belle, un peu trop courte à mon goût, un peu trop rapide. Surtout que Clémence va rencontrer un docteur à qui elle va tout avouer. Un homme qui l’accompagnera sur le chemin qui lui permettra de reprendre sa vie de jeune fille, amoureuse, insouciante. Sauf que la maladie rode et Clémence n’est quand même pas sortie d’affaire.
C’est vrai que toute vérité n’est pas bonne à dire, qu’il faut du temps pour l’accepter. Mais se confier est un mal nécessaire car on a besoin de partager. Si on ne le fait pas auprès de sa famille, pour ne pas heurter, pour ne pas remuer le couteau dans la plaie, vers qui peut-on se tourner sans que l’on passe pour la fille de l’assassin. Car Clémence s’est retrouvée, par la faute de son père, par le silence imposé par sa grand-mère, dans le camp des assassins, alors qu’elles sont innocentes.