Bordeaux vit terrorisée par une série d'assassinats affreux qui s'y déroulent. Des corps exsangues sont régulièrement retrouvés dans les poubelles: il s'agit à n'en pas douter de l'oeuvre d'un tueur en série particulièrement vicieux. Lilly et sa copine, deux adolescentes mal dans leur peau n'ont que faire du couvre feu imposé par leurs parents, et se retrouvent dans une boîte de nuit branchée, mais sordide, où elles tombent sur un groupe hétéroclite, mais déterminé, composé d'une femme fatale, d'un ex-punk façon Sex-Pistols, d'un beau vampire ténébreux et d'un vampire dans le corps d'un enfant, qui dirige le groupe. La copine finit vidée de son sang dans les toilettes, Lilly tombe sous le charme du beau ténébreux... Le père de Lilly, policier de son état commence à mener une enquête difficile mais avec détermination. Les vampires sont tous sans aucune pitié, détachés de l'existence humaine comme il se doit.

Mon histoire avec le mouvement littéraire vampirique est parti sur une blague. Pour moi, le mythe du vampire était une caricature, images de Béla Lugosi en arrière pensée et Buffy contre les vampires en tête. Cela se passait avant l’avènement de la bit-lit, qui poursuit la caricature jusqu'à la grossièreté. C'est pour rire que je m'achetais il y a 15 ans une édition poche de Dracula, de Bram Stoker et je devais en sortir renversé: le roman était excellent, et très (très) loin des poncifs. J'en suis resté là et n'ai pas pris le temps d'approfondir (tant sur l'axe littéraire que cinématographique). C'est totalement par hasard que je tombais sur le présent ouvrage, en feuilletant le catalogue numérique des éditions Mnémos, qui m'évoquent toujours d'excellents souvenirs (peut-être y reviendrais-je).

Morgane Caussarieu est une jeune auteure de 24 ans lorsqu'elle publie Dans les veines aux éditions Mnémos. Manifestement passionnée de vampirisme, c'est avec agacement qu'elle subit la bit-lit et ces histoires romantiques à l'eau de rose entre un vampire et une jeune adolescente: "les gentils vampires ça n'existe pas !" hurle-t-elle en quatrième de couverture. Et de prendre sa plume pour nous donner sa version du mythe. Attention, ça va taper. Et cela va faire mal.

Le décor est planté, et il s'avère très vite que tout est pourri dans l'univers dépeint. Absolument tout. A un point qui finit par mettre mal à l'aise. C'est la volonté de l'auteure, et elle doit être respectée en tant que telle. Outre des propos sans équivoque dans une interview accordée à ActuSF:

L’élément déclencheur, c’est le succès de Twilight auprès de la population adolescente. J’ai voulu répondre en revenant à une histoire de vampire très sombre comme on savait les faire dans les années 70-90. Des vampires qui ne seraient pas des puceaux de 100 ans végétariens, jouant les boules à facettes quand on les pose au soleil...

L'auteure se revendique de Jack Ketchum et Poppy Z. Brite, deux piliers du splatterpunk, un mouvement littéraire extrême, créant des textes particulièrement violents, visant le malaise du lectorat. Je dois dire que pour le cas présent c'est réussis.

En effet, les vampires sont malsains au possible, sans aucune pitié, drogués, pervers sexuels... Le père de l'héroïne la viole impunément, etc. Je ne vais pas décrire tous les passages nauséeux, il y en a trop. Certains sont réellement aux limites du soutenable. Et c'est là où le bât blesse: à force de toujours chercher la sur-enchère, le texte lasse par moment: lorsqu'une longueur s'installe pour se conclure sur une scène aux relents pédophiles (si si), on soupire (au mieux).

Au final, ce roman est assurément un défouloir pour son auteure. On ne passe pas un mauvais moment (loin de là) mais je le déconseille fortement aux personnes qui n'ont pas le coeur très bien accroché (ou qui ne sont pas dans le bon état d'esprit. Le lire dans les transports de bon matin s'est parfois révélé difficile pour moi). Il faut être prêt à s'ouvrir au splatterpunk avec une production moderne. Morgane Caussarieu a jeté son pavé dans la marre, rageusement, les éditions Mnémos ont suivi. Soit. Comme d'autres, je m'interroge sur le ton et le contenu de ses productions futures. Comment va-t-elle réussir à capitaliser sur son talent indéniable d'écrivaine ?
matteo
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le 26 nov. 2014

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