De la Grande Guerre au totalitarisme : la brutalisation des sociétés européennes par Kragtenn
Bon, alors là, on entre de plein fouet dans l'historiographie de la Grande Guerre telle qu'elle est prônée depuis les années 80. Un américain (qui a fui son Allemagne nazie d'origine) a décidé de disséquer ce conflit terrible de manière quelque peu différente : pour lui, les batailles, la diplomatie ne sont plus à fouiller, à développer. Dans un ouvrage lourd de sens, il tente d'expliquer, pas à pas, que la guerre - et spécialement la Grande Guerre, bien qu'il commence son oeuvre au début du XIXème siècle - est à l'origine d'une brutalité toujours plus forte, toujours plus banale de la société. Pour lui, le conflit est déguisé en aventure triviale, ce qui n'arrange pas les petites affaires européennes pour le reste du siècle. Ce livre est bien bâti, un plan chronologique très bien suivi. Cependant, on se perd parfois dans des explications qui tourne en rond, on a vite l'impression de ne pas toujours avancer. De surcroît, George Mossé est quelque peu plus intuitif que scientifique, ses recherches ne sont pas toujours précises et ses idées sur la France notamment (il évoque notamment la Révolution Française) sont appuyées sur un certains nombre d'à priori, d'images qu'il n'a pas forcément approfondi...
Ce livre reste une oeuvre essentielle pour l'historiographie. Mossé tisse des liens évidents entre les deux guerres mondiales, d'un point de vue social, culturel, plus que diplomatique. Des ponts avec les autres aspects de l'historiographie européennes sont ainsi dressés, de la guerre de Libération allemande de 1813 à la seconde guerre mondiale...