De la guerre de l'ombre aux ombres de la guerre

Résumé : La Grande Guerre a fourni à la Belgique quantité de héros « nationaux ». Ces héros forment, dès le début de la guerre, un véritable Olympe patriotique dominé par les figures du Roi-Soldat et de la Reine-Infirmière. Cet Olympe comprend également de grandes figures comme celles du général Leman et du général baron Jacques de Dixmude, du Cardinal Mercier et du bourgmestre Adolphe Max, ainsi que des figures sorties de l'ombre comme celles du caporal Trésignies, des frères Van Raemdonck, de Gabrielle Petit ou de Philippe Baucq pour ne citer que les plus célèbres. Tous ces héros ont été honorés durant l'entre-deux-guerres à travers des noms de rues et des monuments, des hagiographies et - consécration suprême- des manuels scolaires. Il est vrai que « sans récit qui le glorifie, le héros n'est plus un héros ». Certes, la fortune de ces différents héros dans les mémoires collectives fut inégale. Il est clair qu'aujourd'hui ils sont tombés dans l'oubli. Cela étant, dans l'entre-deux-guerres, tous apparaissaient comme l'un des visages de la patrie née de la guerre, tous étaient considérés comme les défenseurs de la patrie contre la barbarie allemande, tous méritaient l'éternelle reconnaissance du peuple belge. Autrement dit, tenter d'analyser ces héros nationaux dans leur ensemble, c'est interroger les multiples visages de la patrie belge et leur évolution durant l'entre-deux-guerres.