Dans ce premier roman aux allures de "Journal intime d’un Français écolo", Clément Osé témoigne de sa prise de conscience progressive, avec une honnêteté parfois déconcertante. L’auteur tente, par ce livre tout à fait personnel, de nous expliquer comment il a fini par intégrer une ferme collective autosuffisante au pied des Pyrénées.
Depuis quelques années, avec des documentaires comme En quête de sens ou encore Demain, les réflexions autour de notre mode de vie et ses limites se multiplient. Toutes ces réflexions mènent au même constat, sans équivoque : l’urgence écologique. Il est urgent de ralentir, de changer radicalement, car l’effondrement de notre système guette, s’il n’a pas déjà commencé. Clément Osé, avec son roman De la neige pour Suzanne, s’inscrit dans la continuité de ces réflexions. À travers un récit intimiste et sensible, il nous décrit sa lente prise de conscience, qui finit par se muer en besoin irrépressible d’agir. Si initialement il se présente comme spectateur impuissant du changement climatique, il devient, au fur et à mesure, un acteur de la “résistance écologique”.
Afin de résister activement, il emboîte le pas à Pierre Rabhi et opte pour un retour à la terre. Il intègre, presque par hasard, une ferme collective écologique dans les Pyrénées et y découvre une nouvelle vie radicalement différente de celle, plutôt “classique”, qu’il avait connue jusqu’ici, avant sa remise en question. Il découvre la vie en communauté, en autonomie, au rythme des saisons. Toutefois, cette nouvelle aventure, si elle a certes de bons côtés, n’est pas pour autant idyllique. L’auteur pèse régulièrement le pour et le contre de sa nouvelle existence. Est-il possible d’avoir une vie de couple dans une collectivité ? Faut-il vivre en autarcie complète ? Peut-on se réconcilier avec la nature ? Bien qu’il ait sauté le pas, Clément Osé se pose encore beaucoup de questions, ne dissimule pas ses doutes au lecteur, jusqu’aux dernières lignes du roman.
Il s’agit d’un premier roman pour Clément Osé et cela se ressent dans l’écriture, parfois un peu maladroite. Certaines réflexions sont confuses, d’autres répétitives ou généralistes. Toutefois, un premier roman, ça a aussi du bon : l’écriture est sincère et l’œuvre personnelle. L’auteur se révèle dans toute sa sensibilité. Il confesse être en recherche, à la recherche de lui-même et d’une existence qui ait du sens et respecte ses valeurs. Il ne prétend pas avoir la réponse aux questions qu’il se pose, et qu’il n’est certainement pas le seul à se poser. Par le biais du roman, il prolonge la réflexion écologique entamée par d’autres via le documentaire (par exemple), et nous permet de l’accompagner dans ce cheminement.
Malgré ses doutes, Clément Osé veut espérer et c’est finalement ce qu’annonce le titre : il faut croire en l’avenir, pour les générations futures.
Critique pour le Suricate Magazine : https://www.lesuricate.org/de-la-neige-pour-suzanne-journal-intime-dun-francais-conscient-de-leffondrement/.