Testament matzneffien pour les chagrins d'amour

Traité sur les séparations certes, mais au-delà de l'aspect "thérapeutique" que peut avoir ce livre, ce dernier est surtout un joli florilège de références classiques savamment repris pour expliquer la vie à l'aune de la rupture. Gabriel Matzneff nous livre un beau testament apte à toucher le plus cynique d'entre nous. Présenté comme un livre chrétien car adressé au filleul présumé de l'auteur, sa portée est universelle à plus d'un titre, car les références cités vont de l'Ancien Testament au Bouddha, en passant par Omar Khayyam, les traditions "mahométanes" (sic), Sénèque, Platon, Saint Augustin et bien évidemment le Christ. Je ne suis pas exhaustive mais Matzneff emprunte à tout ce beau monde ce qu'il avait écrit ou proféré sur la rupture ou ce qui y ressemble. En effet, celle-ci serait le mécanisme même de la vie où tout est rupture, du baptême jusqu'à la mort. La rupture amoureuse n'en est qu'une forme parmi tant d'autres et l'auteur réussit à attirer notre attention sur des ruptures encore plus fécondes et cruciales dans la vie, notamment celle que devrait opérer l'individu par rapport à son entourage. Il donne à ce titre les deux exemples du Bouddha et du Christ qu'il assimile à des déserteurs, mais de courageux déserteurs qui ont choisi de s'habituer à la vérité et de l'apprivoiser loin de l'illusion du conformisme.