On m'a beaucoup vanté la plume de Karoline Georges, particulièrement celle de Sous béton. Mais ne le trouvant pas dans ma librairie, j'ai pris son dernier ouvrage sans me poser de questions.
Et si certaines idées de l'oeuvre m'ont plu, l'ensemble m'a plutôt déçu.


Le côté "science-fiction' est pourtant original - enfin si on veut... les androïdes domestiques dans les années 2030 ça me semble un peu cliché, mais passons. Le côté "prolongation de ma vie dans un univers virtuel" et l'art progressif de l'art à travers un support numérique inédit, ça, c'était assez intéressant.


La narration marche en deux temps : au présent la narratrice nous raconte la maladie de sa mère, au passé elle nous conte le déroulé de sa vie et comment elle en est arrivée aujourd'hui à vivre recluse chez elle, n'interagissant avec le monde que par le biais de son avatar en ligne et de son art numérique.
Intéressant, si seulement elle ne nous avait pas fait passer pendant à peu près la moitié du roman au travers de son enfance et de ses années d'adolescence qui sont, à mes yeux, les instants sans saveur du roman...
Or il dépasse à peine 200 pages, donc une moitié de roman focalisée sur ces souvenirs-là, c'était long et ça a plutôt déséquilibré l'oeuvre. Je passe mon ressenti à la lecture des (trop) nombreux paragraphes sur Olivia, l'idole de l'héroïne (comprenez Newton John, mais elle l'adule tellement qu'elle l'appelle sans cesse Olivia) et sur l'étalage de références culturelles de tout bon enfant des années 80 qui regardait la télé/lisait des BD et des livres/écoutait la musique qui se respecte connaît - ce qui est d'un ennui un peu mortel (j'avais l'impression de lire ma propre enfance, et c'était du coup tellement inintéressant que ça m'a assez irrité). Tout ces passages sont "sauvés" par la volonté de l'auteur de nous faire comprendre que l'héroïne ne vit que par la fiction et se rêve "devenue image" (elle le répète aussi trèèès souvent), ce qui est aussi intéressant comme obsession, et que j'aurais aimé arriver à mieux comprendre. Mais je n'y suis pas parvenue. J'aurais compris si elle avait développé cette obsession pour échapper à un quotidien merdique (ce qu'elle avait) mais j'ai surtout retenu que cette obsession lui vient de l'amour de son grand-père pour les pinups en photo et de son adoration pour les poses de starlettes américaines dans le programme télé de la semaine. Mouais.


Et pourtant je pense que le long passage sur ses années de mannequin est là pour appuyer ce but ultime, cette obsession vitale, mais encore une fois ça ne m'a pas touché.


Finalement, les plus beaux passages sont à mes yeux ceux qui concernent sa mère, que ce soit dans son enfance ou à la fin de sa vie. Et le roman aurait trouvé un peu plus de grâce à mes yeux s'il s'était terminé sans épilogue, car l'avant-dernier chapitre est terriblement émouvant et aurait fait une fin réellement parfaite.


Je vais quand même tenter Sous béton !

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le 1 mai 2018

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