J'ai lu tous les livres de Werber. Les derniers (et particulièrement Demain les chats) m'ont particulièrement déçu. Je me suis dit que je donnais une dernière chance à cet auteur que j'aime bien, au fond.
Son tout dernier roman n'est pas dénué de qualités :
- on entre dans le sujet très rapidement
- ça va vite
- l'intrigue se déroule bien, un mélange d'enquête policière et de spiritisme, et une fin qui est plutôt correcte (inattendue, à défaut d'être totalement convaincante).
Malheureusement, Werber accumule aussi les travers que j'ai pu lui reprocher dans ces autres romans :
- un goût certain pour la répétition et le recyclage des idées (au sein du même roman et avec des livres précédents), et surtout, ce mélange dérangeant entre la paranoïa et l'égocentrisme. Car dans ce roman, Werber parle de lui. Quand il nous raconte sa façon de travailler, son vécu, c'est intéressant. Quand il se positionne en victime du système "germanopratin", là, son discours est tellement caricatural qu'il dessert totalement son propos. Le plus marquant, ce sont les attaques contre Jean Moisi (qui est bien évidemment Yann Moix). OK, l'auteur en question l'a attaqué vertement, et Werber a le droit de lui répondre. Mais il aurait pu être plus subtil, afin de mettre le lecteur de son côté, plutôt que comme un simple observateur de chamailleries entre écrivains. J'ai déjà visionné le passage de Werber face à Naulleau/Zemmour dans On n'est pas couché. Clairement, ils n'utilisent pas exactement les arguments que Werber énonce dans son livre. Ils ne disent jamais que l'imaginaire est à exclure, et que les livres doivent s'ancrer dans le vécu, le tangible. Ils parlent de l'absence de style de Werber, c'est-à-dire sa volonté systématique d'expliquer simplement les concepts et de donner le moins de travail possible au lecteur, ce qui est un choix tout à fait compréhensible et défendable. Werber aurait gagné à donner du relief au débat au lieu de tourner en ridicule ses détracteurs, à la manière d'un enfant qui se venge de ses harceleurs en leur balançant un chewing gum dans les cheveux et en partant en courant.
- La critique du milieu littéraire, comme quoi il n'y a que lui qui fait de la littérature fantastique en France. Il faut arrêter, a-t-il lu Jaworski, Damasio ?
- Les prix littéraires, qui sont tous donnés à des romans nuls que personne ne veut lire : A-t-il lu Rufin ou Lemaître ?
- la scène de bataille finale : je sais que Werber adore ça, il en fourre dans chacun de ses romans, on s'y attend dès le début. Ici, elle est absolument ridicule et sans justification, ces combats de créatures de roman dans le monde des esprits, c'est tout de même très faible, heureusement que ça ne dure pas trop longtemps.
Bref, ça se lit bien, ça se lit vite, mais par moments j'ai tout de même bien soupiré.