Des fauves et des hommes par Kalimera

En ouvrant ce livre, avec la même ferveur presque religieuse de tout accro à la lecture qui se respecte, je ne m'attendais pas à la magistrale claque livresque qui m'attendait bien cachée au détour de la page 15.
(Je suis un peu lente au démarrage)

"Son ombre a presque disparu sous lui lorsqu'il s'engage sur le
parking d'un restaurant routier. L'épaisse couche de poussière
étouffe le claquement de ses brodequins. Sur le côté, au milieu des
broussailles qui lentement la dévorent, il distingue la carcasse d'une chevrolet Impérial.
Un camion aux chromes scintillants et à la
carrosserie d'un beau rouge grenat est rangé au centre du parking.
C'est ce point rutilant au loin qui a attiré l'oeil de l'homme."

Ces quelques phrases campent l'atmosphère lourde de chaleur de l 'Alabama de l'année 1931, introduit un des héros de l'histoire, noir et désespéré, dans une scène que l'on visualise parfaitement et qui revient en mémoire tout au long du livre, ce camion rouge et neuf sera la seule belle chose que verra notre vagabond, le reste sera fuite, misère et violence.
Une violence décrite de manière précise et détachée.
On découvre aussi au fil des chapitres les mafias( j'ai retrouvé avec surprise et plaisir le noms des bandits déjantés croisés dans la série Boardwalk Empire), les hommes politiques les magouilles et les désespérances de ces années de crise économique,mais aussi des personnages hauts en couleurs, un vétérinaire mysanthrope, une journaliste particulièrement coriace, un tenancier de motel qui loge aussi des tarantules, deux tueurs à gages jumeaux dévalisant un drogstore pour acheter des couches culottes !
Mais c'est avant tout un hommage voulut aux grands écrivains américains qui se sont penchés sur cette période pleine de vagabonds de chaleur de colère et de poussière...