Désolations par amnezik666
On retrouve le même style minimaliste et sans fioriture qui se concentre sur l’essentiel, à savoir le devenir d’un couple en dérive et de ceux qui les entoure (leurs deux enfants et leurs partenaires). Mais c’est bien là le seul point commun avec Sukkwan Island, même l’environnement y est moins hostile. Ca ne foisonne pas d’action (loin s’en faut) et pourtant on ne s’ennuie pas une minute tandis que l’auteur nous fait partager le quotidien et les pensées de ses personnages. C’en est presque jubilatoire de voir la haine s’installer progressivement entre Gary et Irene, n’y voyez pas là un plaisir sadique, c’est juste la plume de David Vann qui excelle à alourdir le climat sans concessions, ni parti pris.
Si Gary et Irene sont d’accord pour dire qu’ils n’ont pas vécu la vie qu’ils espéraient chacun en rejette la faute sur l’autre, d’abord en ruminant ses regrets dans son coin, puis peu à peu en se les balançant à la gueule de plus en plus crûment. Il n’y a aucune violence physique mais parfois les mots peuvent faire plus de mal qu’une gifle, et avec le temps le mal se gangrène dans le coeur et l’esprit, la rancoeur, poussée à son paroxysme, ne peut que déboucher sur une issue fatale. Et c’est le cas ici, on devine que ça finira mal et l’on regarde le couple s’enfoncer jusqu’au point de non retour, jusqu’à l’irréparable.