Je l'ai dit maintes et maintes fois ici, les couvertures ne sont pas pour rien dans mes achats impulsifs (compulsifs, oui, bon). Là, la poésie de l'illustration m'a mise en arrêt. Et au final, si j'ai eu un tout petit peu de mal à entrer dans le texte, je suis finalement très heureuse d'avoir continué. Parce que c'est je trouve l'un des plus beaux textes que j'aie lu sur l'amour. Oui, c'est sûr, balancée comme ça, cette affirmation peut faire peur. Mais grattons un peu pour comprendre comment c'est possible.



Dire son nom est un roman autobiographique. Francisco Goldman a rencontré la femme de sa vie, puis l'a perdue. Et c'est le récit de cette perte qu'il nous fait ici, nous racontant à la fois Aura, sa vie, son œuvre, son fantôme, mais aussi Aura, ses doutes, son accident, sa mort. C'est un récit poignant qui pourtant ne m'aura pas fait pleurer (alors que je suis une fontaine à larmes). Pourquoi ? Parce que ce n'est pas le but de Goldman. Il ne cherche pas à se faire plaindre ou à me tirer des larmes, mais à rendre justice à sa femme et à montrer au monde entier à quel point elle était digne d'être aimée. Et effectivement, à travers son regard, Aura est la plus exceptionnelle des femmes. Et en même temps la plus classique. Elle est une femme, sa femme.



Le lecteur accompagne un petit moment le couple. On voit leur rencontre, les début de leur vie commune, leur mariage et leurs derniers mois. J'ai apprécié de ne jamais me sentir voyeuse. Goldman ne me fait pas partager leur intimité, qui fondamentalement ne m'intéresse pas. Par contre il me parle d'elle d'une manière infiniment touchante. Je n'ai pas l'impression de les connaître mieux à la fin du roman, mais j'ai la sensation de comprendre à quel point il l'a aimée, vénérée, soutenue. Pour moi c'est un roman superbe, d'une douceur et d'une fragilité de plume. Un roman pour lequel il faut être un peu concentré, mais aussi par lequel on se laisse embarquer avec un plaisir énorme.



Pour une lecture en apesanteur, loin des lourdeurs habituelles du genre.
Ninaintherain
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le 28 mars 2012

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