Justice doit être rendue. S'il y a bien une discipline qui doit être et rester régalienne, c'est la justice. Elle provoque discussions, remous, peut être récupérée à des fins politiques ou populistes, ou les deux. Elle passionne, les faits divers et leurs protagonistes intriguent et interrogent. C'est le cas avec l'affaire Viguier que raconte Stéphane Durand-Souffland dans "disparition d'une femme l'affaire Viguier" paru aux éditions de L'olivier.
Toulouse, une femme disparue, un mari qui ne déclare sa disparition que plusieurs jours après la présumée disparition. Un amant qui lui tire le signal d'alarme que quelques heures après la prétendue disparition et qui accuse très vite le mari. Un matelas jeté par le mari après la déclaration de la supposée disparition de son épouse, une accusation, une détention provisoire, un procès, un jugement, un acquittement. Un appel, un nouveau procès, de nouveaux défenseurs. Un nouvel acquittement. Jacques Viguier, cet agrégé de droit public, au charisme froid faisant tourner les têtes de ses étudiantes, s'est retrouvé sous les feux de la rampe judiciaires avec la disparition de sa femme Suzanne Viguier en 2000. Stéphane Durand-Souffland est chroniqueur judiciaire pour le Figaro. L'environnement des palais de justice, de la procédure et l'analyse qu'il en faite montrent bien tous les rouages de cette grande institution, les forces en présence, le poids des représentations de l'art de la joute orale des défenseurs de la partie civile et de la défense. L'auteur prend le parti de Viguier et traite à charge le cas d'Olivier Durandet, l'amant, comme celui de Robert saby, l'enquêteur. Ce parti pris peut questionner mais il ne dénature en rien le récit qui se lit comme un roman noir et qui lève le voile sur le fonctionnement de la justice.