Le Paris noctambule, des minets du Drugstore des années 60 aux branchés des Bains Douches des années 90, me fascine. Ces périodes de fêtes somptueuses, d'excès empoudrés, de l'underground, des derniers grands seigneurs, de Pacadis à Gainsbourg, de Paquita Paquin à Loulou de la Falaise, le Palace, le 7, Fabrice Emaer et j'en passe...
C'est pour ça que je me suis procuré le livre d'Hubert Boukobza, celui qui a géré les Bains Douches de la grande époque - grosso modo entre 1984 et le début des années 2000. Ca part pourtant mal : Boukobza écrit comme il parle, et dès les premières lignes, se dessine un personnage aux atours antipathiques, le cliché du beauf entrepreneur devenu millionnaire, tout en grande gueule et mauvais goût, blagues salaces et sexistes, mi-escroc, mi-hâbleur. J'ai fait un effort pour continuer au delà des 20 premières pages. Bien m'en a pris.
D'une pâtisserie à Bruxelles, à des restos grecs sans goût du côté de St Michel, il finit par racheter les Bains en 1984, entouré notamment par Guy Cuevas, le DJ du Palace. Et là, farandole de noms, la cocaïne qu'il consommera pendant près de 30 ans, les amitiés avec De Niro, Kevin Spacey, Jean-Luc Delarue, des filles qu'il envoie aux stars comme des marchandises, ses aventures sexuelles avec Grace Jones, des mannequins, et Marine le Pen. Oui oui, vous avez bien lu, même si elle n'est pas nommée directement (il utilise le pseudonyme de Francine).
Au fur et à mesure du bouquin, l'écriture reste la même, mais sous l'air antipathiqueon se laisse emporter par la frénésie d'une époque bien malheureusement révolue, une époque de grands seigneurs, d'orgies, de vedettes, de noctambules, d'excès, la vie quoi.
A lire, pour qui s'intéresse à ce milieu, à cette époque, et à qui ne sera pas rebuté par le name-dropping, la faconde de "juif séfarade" (comme il se désigne lui-même) et le récit d'une vie d'argent et de luxe.