Je me suis plongé dans ce roman graphique jusqu'à le lire d'une seule traite, mais à la fin de ma lecture je n'ai pu savoir si j'avais aimé ou détesté ce livre.
Le personnage de Khadija est une femme forte, intelligente et consciente de sa place dans la société c'est-à-dire d'une femme de classe populaire, racisée et musulmane. J'ai beaucoup accroché à cette jeune femme pleine de questionnements sur la société. En effet, comme il est dit sur la quatrième de couverture, les conversations entre Khadija et Arantxa abordent des sujets comme le féminisme, la précarité, la question de la légitimité de la violence. Les pensées et les discussions de Khadija sont riches et pertinentes, contrairement à Arantxa.
Et c'est justement Arantxa qui me fait douter sur l'appréciation du livre. Elle est l'autrice, la journaliste qui interview Khadija et ses ami.es. Enfin, peut-on parler d'interview quand l'un des partis n'est pas au courant de cette dernière ? Le roman entier est basé sur le mensonge d'une journaliste qui veut gagner la confiance d'une femme pour soutirer des informations sur son rapport à la religion et aux attentats de Paris. Arantxa précise qu'elle est blanche, issue d'une famille de tradition catholique et bourgeoise. Bien qu'elle le précise dès le début du livre, cela n'a pas évacué l'amertume du mensonge qui fonde le roman entier.
D'ailleurs en relisant la quatrième de couverture je m'aperçois qu'elle écrit "[Arantxa] infiltre un groupe de jeunes filles radicalisées.", alors déjà elle se fait pote avec une seule fille, bref. Mais surtout le choix du mot "radicalisées" est plus que douteux parcequ'à aucun moment Khadija n'émet l'idée de faire des actions de terrorisme islamique, c'est juste une femme qui est consciente de vivre dans une société sexiste, patriarcale, raciste, islamophobe, classiste etc.Elle développe donc des idées émancipatrices et radicales sur la société, mais personne n'aurait parlé de radicalité si elle n'avait pas été musulmane. Il faut croire que ça vend mieux.
Pour conclure, je trouve le fond et les questionnements sur la légitimité de la violence très sympa mais la forme est exécrable.

Xuan_
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le 31 oct. 2019

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