Dire de Drone Land qu'il surpasse 1984, comme certaines publicités l'écrivent, serait bien présomptueux. C'est malgré tout un roman policier SF réussi, qui nous entraîne dans l'enquête menée par un inspecteur-chef de la police européenne sur le meurtre d'un député du parlement.
Porté par un style efficace et une écriture précise, avec le choix étonnant de la première personne, peu courant dans le monde de la science-fiction, on entre avec plaisir dans ce futur où tout et tout le monde est potentiellement surveillé. L'immersion est renforcée par le fait que tout est ici vraisemblable : pas de caméras intrusives dans les domiciles, pas de robots qui espionnent aux fenêtres ; juste des drones, partout et à outrance. Le point qui rend les choses plausibles est qu'à aucun moment on en vient à se dire que tout cela porte atteinte à la vie privée : après tout, si on a rien à se reprocher, le système présenté dans Drone Land n'a rien de particulièrement intrusif. Il le devient par contre totalement dès qu'on est dans son collimateur pour une raison ou une autre.
L'histoire, bien construite malgré un final un peu terne, est addictive et nous fait finir le livre sans qu'on s'en rende vraiment compte, en laissant le lecteur avec l'envie d'en avoir plus. Les personnages sont par contre très classiques, et on peut déplorer que le rôle laissé à Ava, analyste (spécialiste de l'utilisation d'un ordinateur capable de gérer et d'analyser les masses immenses de données mises à la disposition de la police) soit celui d'un personnage secondaire effacé, presque accessoire et sans véritable relief.