[une critique trop rapide à compléter dès que ... ]
Amateur de Vaquette de longue date, j'ai en premier lieu apprécié de suivre les aventures, d'une sorte d'atler ego de Vaquette s'il était devenu flic, interrogeant une sorte d'alter ego de Vaquette s'il était devenu rentier, pour comprendre le destin tragique d'une atler ego de Vaquette s'il était né fille dans la campagne profonde.
Il fallait bien deux Vaquette pour aimer et comprendre la petite Vaquette, mais on traverse surtout dans cette aventure les mêmes microcosmes qu'elle, pleins de personnages qui ne lui ressemblent absolument pas et qui partagent en définitive un seul trait commun : une propension à exprimer leur vision du monde, de la société, de leur vie. C'est avec l'acharnement et la minutie de Vaquette 0 (l'auteur) que le Vaquette flic cherche à les comprendre. Le second cherche ce qui peut expliquer un décès, permettant au premier de chercher pourquoi tous, chacun, ont un jour renoncé à la quête d'absolu qui anime inlassablement Alice (lui-même donc, vous avez compris). Chacun a pour ça une tartine de raisons sur la patate. Des raisons variées et sincères qu'ils expliquent en long et en large, illustrent, étayent, appuient...
Je n'ai pourtant personnellement pas ressenti de véritable empathie pour eux. Ni de la part de l'auteur - qui malgré la patience et la précision qu'il consacre à son étude, semble conserver un recul d'entomologiste sur les sujets qu'il anime, concluant quand l'un d'eux a vidé son sac, que ses raisons sont surtout des excuses, des renoncements, puis passant au suivant avec circonspection - ni de ma part, aucun de leurs vécus et points de vue ne résonnant vraiment avec le mien. Ni les pires enculés de putains de salauds de bâtards de leurs mères, ni les gentils naïfs (j'ai pourtant ma carte à ce club), je ne les comprends pas profondément.
Est-ce ma propre distance que j'imagine chez l'auteur ? Il y répondra en tout cas explicitement dans le tome II (attention divulgachâge de haut niveau), à travers le personnage du flic Lespalesttes, qui file la même métaphore et conclut : "mon intérêt pour les humains est bien réel."
Toujours est-il que vers la fin, quand Claire travaille pour un employeur "idéal" mais que ça ne change pas son mal être, quand elle décrit sa conviction que tout va bien mais que pourtant ça ne peut pas durer ... je me suis surpris à avaler ma salive pour faire passer la pilule d'identification. La pauvre a tenu deux mois comme ça. Perso ça fait 20 ans... Le résultat de ma patience, c'est sans doute que contrairement à Alice, je suis en vie. Mais gloups quand même.
A ce "gloups" qui domine la fin de ce tome I, le tome II promet de substituer un sentiment de bonheur et de lumière. Les suivants doivent ainsi évoluer autant dans le fond que dans la forme et il est probable que ce soit sur la durée qu'on apprécie vraiment cet ouvrage qui s'annonce hors norme.