La trame de ce Prix Goncourt 1908 est aussi légère qu'une bulle de savon flottant dans l'air au gré des vents. Éphémère, fragile, irisée d'ennui est cette histoire des amours de Jacques de Meillan, l'alter-ego de l'auteur, qui développe à son plus haut niveau l'oisiveté à beaucoup penser et peu agir et qui préfère rêver comme un fou plutôt que d'affronter la vie. Pourquoi le ferait-il? Il est enfant de bonne famille, littérateur et infantile à souhait!
En 1908, Francis de Moriandre entra donc dans la célèbre liste G... ce qui ne l'empêcha pas de ne jamais (ou quasi jamais) se faire un nom en tant qu'auteur, lui qui, pourtant, a été un traducteur reconnu et apprécié des auteurs espagnols tel qu'Asturias, Unamuno, Cervantès, etc.
Lié en amitié avec les Gide, Suarès, Breton, Desnos et autres monuments de l'époque, Francis de MIOMANDRE nous dépose, ici, un clin d'œil à la société de son époque, une moquerie sur l'Amour et la jeunesse qui passe, ou encore, sur les fantasmes économiques des découvreurs et inventeurs de ces salons où l'on cause beaucoup et décause encore plus!
Perplexe, André Gide s'interrogera sur ce roman: "Sur quel ton parler de ce livre léger ? Léger comme une bulle, inconsistant, bizarre, il se dérobe sous la critique et semble sans cesse en formation. Il pourrait être insupportable ; il est charmant.."
Pour son côté retour vers le passé et la description mondaine de ce qui faisait et défaisait la vie publique, je le trouve charmant. Pour son écriture, légère et fluide comme le courant d'une verte rivière, aussi. Pour la vacuité du modèle de vie dispensé par son héros, je trouve ce livre insupportable. À chacun de s’en faire une idée...