Retombées d'un xenocide
Pour ceux familiers des écrits d'Orson Scott Card, ce tome 6 du cycle d'Ender se situe incongrûment entre le premier et le deuxième tome, chronologiquement parlant. La Stratégie d'Ender racontait...
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le 22 févr. 2016
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Pour ceux familiers des écrits d'Orson Scott Card, ce tome 6 du cycle d'Ender se situe incongrûment entre le premier et le deuxième tome, chronologiquement parlant.
La Stratégie d'Ender racontait comment un enfant génial a suivit une formation incomparablement dure et efficace pour devenir le stratège sauveur de l'humanité, détruisant de ce fait tout une race extra-terrestre. Ce roman créait un énorme décalage entre l'art de la guerre et un monde où des enfants avaient appris trop tôt à se comporter comme des adultes.
Le tome suivant, la Voix des Morts était beaucoup plus tournée vers l'empathie : après un saut de plusieurs millénaires dans le temps, nous retrouvions Ender décidé à rattraper ses erreurs du passé en sauvant une toute nouvelle espèce extra-terrestre sur une colonie terrestre, le tout à travers l'histoire d'une famille étrange et déchirée et en témoignant la mort du plus haït des membres de cette famille. Selon moi le meilleur livre de la saga et de loin d'ailleurs, bien que radicalement différent du premier dans le ton et les enjeux.
L'exil est le tome que bien des années plus tard, l'auteur a écrit pour combler le vide entre les deux. Auparavant ce qu'il décrit n'était résumé qu'en quelques paragraphes dans le tome un, tirant un trait sur une facette très riche de cet univers.
L'histoire : la guerre avec les doryphores est finie, Ender est considéré par tous comme un héros, et il aimerait bien, enfin, rentrer chez lui. Le problème quand on est le plus grand génie militaire au monde, c'est que les nations de la Terre ne voient pas cela d'un très bon oeil... fini l'unité mondiale désespérée, retours aux bons vieux conflits entre humains. Quelle meilleure arme dans ce contexte qu'Ender et ses camarades passés maîtres dans l'art de la guerre ?
Alternant le point de vue entre de nombreux personnages, l'Exil raconte comment les militaires furent jugés pour leurs actions et celles d'Ender, l'obligation pour ce dernier de s'éloigner à jamais de son monde natal et de s'exiler sur l'une des toutes premières colonies humaines. Les nouveaux ennemis d'Ender ne sont plus les doryphores, mais ses propres congénères : jaloux, frustrés, intimidés par cet adolescent particulier.
Ce livre est intéressant car il représente la lente étape de transformation de l'opinion et de la morale, lorsque pour sauver sa vie on se retrouve à briser celle de l'adversaire au delà de toute chance de survie. Ender a de fait tué les doryphores, mais aussi plusieurs condisciples : c'est un génie, certes, mais quelqu'un de fondamentalement violent, qui fait certes passer son devoir avant tout, mais qui a ses propres démons. De même l'humanité après la premières phase de joie dans la survie commence à considérer d'un autre oeil l'horreur d'un xénocide !
J'avais perdu tout intérêt pour la saga avec les deux précédents tomes, ou l'histoire s'enlisait (selon moi) dans un mélange de philosophie/religion/science métaphysique irréaliste. Ma suspension d'incrédulité a des limites, et je ne pensais pas un jour continuer la saga. Bien m'a pris de changer d'avis car ce tome faut définitivement la peine d'être lu !
Il n'est évidemment pas exempt de défauts, récurrents à la saga, comme par exemple la quasi perfection morale d'Ender (équilibrée par ses erreurs et sa violence réprimée), et la platitude de personnage de sa soeur Val. Cependant Card à réussi à dépeindre avec mastria et en peu de mots bons nombres de personnages estimés jusque lors comme secondaire.
Par exemple les parents absents d'Ender au tome un prennent ici une considérable ampleur qui m'a fort surprise dans les premiers chapitres.
Sans rentrer dans le détail, disons que Card est très doué pour organiser des drames, que ce soit à l'échelle interstellaire mais aussi (et surtout) familiale. Pour mon plus grand plaisir, car oui, comme beaucoup d'entre vous j'ai ce coté assez sadique qui me fait savourer le malheur (fictif) et l'exploiter pour ma plus grande satisfaction comme un carthasis efficace.
Mon coup de coeur reste le personnage d'une mère italienne complètement cinglée (mais de façon logique dans son étrangetée), vivant dans un pays imaginaire, décidée à organiser le futur de sa fée de fille pour le meilleur (et le pire). Un amour filial étrange, mélangé à de la haine et une bonne dose de folie et même de stupidité pure et simple, cependant magnifiquement narré et qui aura réussi vers le début du livre à m'arracher une petite larme.
Finalement, s'il n'est pas aussi bon que le tome 2, l'Exil reste quand même un très bon moment à passer au coté de personnages qui nous sont cher, dévoilant des facette de leur histoires méconnues.
retours sur les erreurs
Créée
le 22 févr. 2016
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