Loin d’être inintéressante, cette étude nous renseigne à la fois sur le contexte, parfois difficile, des Deux Étendards, avec cet humour si propre à Rebatet, notamment le Rebatet des Décombres. Sans trop en dire, disons que certaines anecdotes sont à mourir de rire : à titre d’exemple, je pense à la fameuse lecture que fait Rebatet d’un de ses plus voluptueux chapitres à son compagnon de cellule.
Ensuite, l’intérêt est d’en apprendre plus sur la construction de l’œuvre, et donc sur Rebatet écrivain, les problèmes qui se sont posés,… on voit qu’il a particulièrement à cœur d’éviter les poncifs, et qu’il pousse l’exigence assez loin.
Après, un autre gros intérêt est d’avoir les éclaircissements de l’auteur lui-même sur certains traits des personnages, et sur son rapport à eux. Par exemple, je ne pensais pas qu’il aurait une image si positive d’Anne-Marie (celle d’avant la fin, tout du moins), qu’il décrit, il me semble, comme quelqu’un qui voulait simplement aimer, quelle que soit la façon (cléricale, ou pagano-mondaine, ou Gomorrhéenne) ; je pensais qu’il aurait une sorte de mépris pour elle, comme on le voit quand Michel dit que c’est une imbécile qui ne comprend rien à l’art. Du coup, on constate que son jugement est très nuancé : il en a fait une sorte d’idéal, sans toutefois oublier le réalisme de son acuité psychologique. Tout cela semble contradictoire, mais c’est aussi là la subtilité de son œuvre.
Enfin, on a des précisions sur la dernière partie, non publiée, du roman, qui promettait beaucoup. Mais il est peut-être mieux de laisser travailler l’imagination du lecteur. On peut se demander si l’épisode extravagant du dévergondage de Marie-Thérèse, supposée marquer pour Michel la rupture définitive, pour Michel, de son lien avec Anne-Marie, n’était pas à la fois démesuré, et décevant. Remarquez que la mort d’Anne-Marie aurait permis de retrouver l’aigreur de ce qui constitue la fin publiée des Deux Étendards.
En tout cas, Rebatet, raconte si bien la fin possible de son œuvre qu’il lui donne une existence quasi littéraire : en me remémorant la lecture des dernières pages de l’étude, j’ai presque l’impression d’avoir vraiment lu cette fin. C’est dire si cette étude constitue un complément très stimulant au chef d’oeuvre de son auteur.

Chatov
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le 8 sept. 2020

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