Et pourtant elle tourne...
Europia ("sont les Oiseaux" dans sa première édition - la date de parution sur SC est d'ailleurs fausse mais révélatrice... ), est une oeuvre des plus sulfureuses, ambiguës et fascinantes, qui une quinzaine d'année après n'a pris aucune ride, bien au contraire.
Dans cette uchronie, le IIIe reich a gagné la guerre. Sauf que Hitler est mort tres rapidement, et que l’Europe a (for opportunément) été "dénazifiée". C'est par ce Deux ex machina que l'auteur accouche d'une europe "paienne" post-capitaliste étrange et hyperréaliste à la fois, celle que l'on parcours avec le protagoniste principal, mi aristo-romantique, mi policier-existentialiste. Un monde truculent, bucolique, inclassable, faisant le grand écart entre post-fachisme light, utopie écolo décroissante, libértarisme sexuel débridé, etc..etc...tout cela d'une plume rabelaisienne truffée de néologismes qui n'est pas sans rappeler l'orange mécanique de Burgess.
Un roman qui ouvre une fenêtre fascinante sur un ailleurs possible.
Hélas, le roman charrie (trahis) des restes vraiment trop grumeleux de racisme rance "classique", qui détonnent, donnant l'impression que le loup sort du bois. Il aurait du y rester, dans son propre intérêt, et celui de son oeuvre, dont on comprendra d'autant mieux la cohérence que l'on connaîtra un peu le soubassement idéologique de la "nouvelle droite" , qui a bien des égards, n'a de droite que le nom.