Une nouvelle sur ma communauté! Je parle des schizophrènes bien sûr. Pseudo-communauté ridicule qui me plaît car elle ne réclame rien et ne se plaint de rien à l'image de celle des nains. Souterraine et infiltrée un peu partout, elle tente à coup de traitements médicamenteux de combler les fêlures. Stabilisée elle met parfois au service du monde sa folle créativité.
Mais dans Famille, Lydie Salvayre met en scène la pire des situations pour un « brother », l'incompréhension du père qui prend les effets du trouble pour la plus caractérisante des paresses. Le fainéant a été identifié, il doit être dénoncé. La mère elle, guidée par son instinct, n'est que compassion, relativisation et volonté d'entente cordiale.
Les délires du « brother » sont savoureux, d'une inventivité qui laisse rêveur et pousse à réfléchir sur des trucs complètement absurdes. Le rendez-vous quotidien de la série-télé partagée avec la mère apparaît comme des plus réalistes ; pour lui petite échappatoire éphémère qui réactive l'existence devant la plus inepte des fictions.
Dans Famille, le père ne comprend rien assurément mais le « brother » aurait-il dû en venir à cette extrémité ? La réponse est non évidemment. Et j'affirme même péremptoirement que ce n'est pas le schizophrène qui guide la main du meurtrier mais l'ordure qui est concomitamment en lui. L'être dépourvu de sens moral qui s'est laissé supplanter par son chahut intérieur.
Pour conclure, j'ai adoré cette nouvelle de Lydie Salvayre qui m'a ouvert un champ de réflexion incroyable. Et puis c'est magnifiquement écrit, le style concorde parfaitement avec ce qu'elle a à dire. Ça passe comme une tranche de vie à la fin tragique, un morceau de son expérience de psychiatre au plus prés du vécu.
Samuel d'Halescourt