On ne devrait jamais rien raconter...
Pour clarifier les choses, malgré la moto qui fonce en couverture façon Lawrence d'Arabie en fin de vie, ce n’est pas un roman d’espionnage mais un roman SUR l’espionnage. n’espéré donc pas la moindre poursuite ou la plus petite étincelle de tension.
Javier Marias est avant tout un bon disciple de Musil et ce que ce roman raconte c'est une continuelle digression. Ainsi, Le héros Jacques Deza, est un espagnol travaille à la BBC pour des programmes hispanique ; suite à une invitation il rend visite à un ami lors d’une soirée mondaine avant de lire quelque livres sur la guerre d’Espagne et de partir se coucher. Voilà c'est la fin de la première partie, soit la moitié du roman.
D’ailleurs il n'est pas tant question d’espionnage mais surtout de parole. Que soit face à la police ou les policiers du moins en Amérique conjure les suspects à ne pas parler, pendant la guerre sous la torture. Ou dans la propagande : je vous invite à voir sur Google Image les affiches britanniques concernant le « Careless Talk » Une campagne assez surréaliste encourageant les sujets de sa majesté à ne pas discuter frivolement pour éviter que des informations soi-disant vital ne tombe dans de mauvaises mains.
Il y a aussi le travail que Deza finira par faire dans un quelconque M.I (5 ou 6), il ignore en fait chez qui il pointe. Et ce travail consiste à essayer de deviner ce que la personne interviewé est censé être ou pouvoir faire. Mission qui est tout à fait digne de Sherlock Holmes, mais qui fait à partir de quelques phrases semblent le plus souvent aboutir à des prédictions à la Nostradamus.
Il y a aussi de l’humour fin. Parfois un peu plus grossier, par exemple au moment de la soirée mondaine où Deza rencontre un compatriote ibérique persuadé que les hôtes et autres invités ne parlent qu’anglais et ne se gêne pour faire nombre de commentaire désobligeant. Car si le langage est un thème centrale l’imbécillité n’en est pas loin non plus.
En fait si vous aimez Musil vous aimerez Marias !