Fille de l'eau par Angélita
Noria est une toute jeune fille lorsque son père décède après qu’elle ait été sacrée Maître de thé. Il lui avait auparavant montré le secret de la famille, une source d’eau cachée. Source d’eau qui prend tout sens alors que l’eau est contrôlée par les autorités et que ceux qui tentent d’en avoir plus sont tués.
Noria est amie avec Sanja, une jeune fille futée qui s’occupe de tout réparer.
J’aurais voulu le commencer plus tôt pour donner ma chronique tôt également. Mais cela a été sans compter un déménagement et des heures de lecture qui n’ont pas eu lieu.
Toutefois, si j’ai dû attendre, je ne le regrette absolument pas car ce roman est absolument magnifique, plein de poésie, de sens, d’inquiétudes, surtout que le pays est en guerre, que les soulèvements sont légion, que les actes sont sévèrement réprimés, que l’armée et les délateurs sont partout.
L’eau, l’eau, l’eau. Sans elle, on ne peut rien faire. Et lorsque les autorités la rationnent, qu’elle est payante, que peuvent faire les habitants ? Noria a sa petite idée à ce sujet. Aider son amie Sanja et après tous les habitants de son village, quitte à ce qu’elle soit dénoncée et bien pire encore. D’ailleurs, le lecteur apprend au fil des pages ce qui arrive à ceux qui ont leur maison avec un rond bleu. Noria a une autre idée. Partir à la conquête des terres interdites suite à l’écoute d’enregistrements. Mais est-ce que cela sera possible alors que tout le monde est surveillé et pas libre de mouvements ? Elle doit prendre soin de sa source, qu’elle ne faiblisse pas.
La mort, la mort, la mort. L’auteur nous démontre que l’eau et la mort sont étroitement liées et en tout. A chaque partie, elle commence par l’une et l’autre pour le corps, le mouvement,…
Dans quel pays vivent-ils ? Ils doivent se protéger des insectes. Il ne reste pratiquement plus rien. Tout a été englouti par l’eau (encore !), ils ont des vestiges de notre monde (ustensiles, livres…). Noria s’interroge beaucoup sur notre monde actuel, elle tente de l’imaginer avec ses personnes, ses saisons, ses pays. Elle semble nostalgique de ce monde-là, de ce qu’elle ne connaît pas. Pour ces habitants, c’est le monde d’antan. Mais ces habitants agissent avec des révérences face aux autorités. Ils semblent renfermés sur eux-mêmes.
Si le lecteur pouvait penser que la famille de Noria est soudée, au fil des pages, il va se rendre compte que non. La mère part, laissant son mari et sa fille. Sa fille va tenter, à la mort de son père, d’avoir des nouvelles de sa mère, mais tout est coupé. D’ailleurs Noria en veut à ses parents de l’avoir laissée seule. Elle doit faire face à un monde où tous sont fichés, surveillés et où il lui est difficile de prendre des décisions. Noria a son amie, même si elles semblent toutes les deux moins proches et que Noria s’interroge.
J’ai vraiment apprécié la cérémonie de thé avec les coutumes – comme asperger la pelouse, se laver les mains, le tintement de la cloche -, la maison de thé, les invités qui doivent se conformer aux coutumes. Tout cela démontre l’égalité de tous face à l’eau, qui est choisie selon le thé. Le thé est suprême, divin. Ils ont toutefois des efforts à faire en matière d’égalité homme-femme car Noria est sacrée mais vraiment parce qu’elle habite un village et qu’il n’y a personne d’autre car il semblerait que ce métier soit dévolu aux hommes. Le maître de thé doit consigner dans des carnets tout ce qu’il fait. L’héritage de Noria est donc conséquent puisque cela se transmet de père à enfant.
En nous décrivant ces paysages qui ont changé, l’auteur semble mobilisé pour l’environnement et les dégâts causés par les être humains. Sécheresse dans ce pays. Avec une eau rationnée et aussi trafiquée, la population est malade.