Encore une biographie de Gainsbourg empruntant son titre à une de ses chansons, encore une que les pisseuses et les petits gars compulsionnels du chanteur et parolier de nombreuses vedettes françaises vont acheter par nostalgie de leurs jeunesses ou de leurs amours. Le problème de ce livre bien écrit est dans les quelques carences éditoriales qui n'en facilitent pas la lecture. Je ne compte pas les erreurs de mise en page, de police (les renvois de notes de même taille que le reste de la typographie). Je ne compte pas non plus les retours en arrière puis en avant les digressions que l'auteur fait très souvent, répétant les mêmes histoires.


On trouve à la fin un abécédaire un peu court qui vient un peu comme un cheveu sur la soupe. Je me suis demandé pourquoi l'auteur n'en avait pas intégré le contenu dans le reste de son propos...


Je peux le comprendre certes, c'est sans doute une commande, mais au bout d'un moment, ces répétitions agacent un brin ainsi que les nombreuses « co-q-uilles » dans l'édition de poche. L'ensemble aurait gagné à une relecture attentive et un travail éditorial un peu plus poussé. A moins que les responsables éditoriaux n'aient eu comme préoccupation de le sortir rapidement pour faire du bénéfice le plus vite possible. Les témoignages réputés plus inédits que d'autres, tels celui de Jacky Jakubowitz son attaché de presse pendant les années 70-80 (et le « Jacky » du « Club Dorothée ») ou celui de l'ancien animateur de « la Cinq » de Berlusconi, Childéric Muller n'apportent pas grand-chose.


Ils participent de la légende dorée de Gainsbourg dont ils parlent comme un genre de saint François en un peu plus « trash » cependant...


Certes, j'ai quand même dévoré le livre car Mikailoff sait très bien faire revivre humainement l'auteur de « Melody Nelson ». Et puis Gainsbourg c'est une bonne partie de mon enfance, c'était « l'oncle » de la télévision qui disait des horreurs pendant les shows des Carpentier, on le voyait souvent faire son numéro. J'ai aussi beaucoup écouté ses chansons qui ont accompagné mes amours, mes emmerdes. Je pense particulièrement à toi qui est morte en août qui partageait avec lui une appétence certaine pour l'autodestruction et les excès ainsi qu'un minutieux travail du négatif.


Il y a des êtres humains plus sensibles, plus fins, plus capables de nuances qui sont aussi beaucoup moins doués pour le bonheur des « braves gens » qui on le sait n'aiment pas que l'on suive une autre qu'eux.


Mikailoff n'échappe pas entièrement au travers des précédents biographes à savoir une certaine idéalisation du personnage, bien que moins que les autres et si l'on excepte son dernier chapitre sur « Gainsbarre ». Comme tous les poivrots mondains, Gainsbourg était à n'en pas douter certainement le plus souvent imbuvable, un de ces ivrognes matériellement et intellectuellement gâtés que l'on excuse volontiers de son comportement. Je me souviens aussi de ce qu'en disait Desproges dans une des dernières émissions de télévision qu'il fit, c'était assez juste. Des opportunistes cyniques ont exhibé le « petit Lucien » dans les dernières années, l'encourageant dans ses provocations la plupart du temps grossières pour s'en mettre plein les poches.


Et les textes des dernières chansons c'était là encore pour paraphraser Desproges du « Vermot avec des poils » et beaucoup d'emprunts non déclarés à d'autres musiciens. On peut toujours parler d'hommages certes, mais un emprunt c'est un emprunt.


Le talent de Gainsbourg n'en sort pas diminué, il reprend une dimension humaine. C'est très bien comme cela. Il est curieux qu'il y ait une telle adulation autour de lui depuis sa mort alors que durant toute sa carrière il ne vendit pas tant d'albums que ça, à l'exception de quelques tubes composés exprès pour gagner de l'argent comme « l'Ami Caouette » ou « Sea, Sex and Sun ». Et finalement, ce n'est pas si mal que les pisseuses et les petits gars le redécouvrent, fût-ce à travers cet ouvrage...

Illuminatus
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le 16 mars 2017

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Kanga Moufassa

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