Ayant lu (ou plutôt partiellement lu) Murmures à la jeunesse il y a plusieurs années, j'avoue que j'avais un peu d'appréhension pour le premier roman de Christiane Taubira. J'avais trouvé son écriture peu fluide avec l'utilisation de mots bien complexes pour s'adresser à la jeunesse... je n'avais même pas réussi à aller au bout de cet essai pourtant bien maigre.
Eh bien, j'ai été agréablement surprise avec Gran Balan, j'ai retrouvé le style oratoire de l'ancienne Garde des Sceaux tout en y trouvant une certaine légèreté qui se prête si bien à l'exercice du roman.
En 300 pages et quelques, Taubira nous dépeins un tableau qui semble presque exhaustif (non pas que je sois familière de la Guyane !) de la Guyane française, territoire a l'histoire passionnante. Entre les descriptions gracieuses de paysages, de moments culturels (celle du carnaval qui s'étale sur tout un chapitre est incroyable), politiques, mais aussi de la situation économique et même écologique, se tisse l'histoire croisée de plusieurs personnages dont le destin sera scellé lors d'un procès final sur lequel se termine le roman.
Fidèle à elle-même, Taubira se concentre ici sur ses deux sujets de prédilection, la justice et la jeunesse. Alors entre les tirades du narrateur qui offre sa vision sur l'exploitation aurifère, la restriction de l'accès à une grande partie du territoire sous couvert de protection de la biodiversité, les limites d'une administration déconnectée et le très controversé centre spatial entre autres, le roman offre la part belle aux dialogues et débats anims entre jeunes guyanais. Ils et elles viennent de tous horizons et malgré le pass colonial douloureux dont iels héritent, iels sont déterminés à mieux comprendre leur héritage et à tisser des liens nouveaux pour construire un future meilleur. Les méandres de l'administration et de la justice française leur en laissera-t-iels l'occasion ?