La lecture de ce roman a commencé pour moi par une intense réflexion. Caroline Blackwood, née à Londres, a passé la majorité de sa vie aux États-Unis. Elle s'y est mariée, y a vécu, y est morte. Est-ce suffisant pour considérer que Granny Webster est un roman américain ? A l'heure où j'écris ces lignes, cette grave question n'est toujours pas tranchée et il me semble que seule Marion sera un juge assez versé dans cette matière pour répondre à ce dilemme. Comme vous le voyez, ma vie est bien difficile et d'horribles questions m'assaillent.

Cela dit, cette interrogation en provoque chez moi une autre : pourquoi ce classement par langue d'écriture ? Un classement alphabétique pur ne serait-il pas plus pertinent ? Quel est le point commun entre Victor Hugo et Marc Lévy qui ferait qu'on les range sur la même étagère ? (Ce n'est pas que j'en veuille à Marc Lévy mais j'écris ce message dans une gare et il y a en face de moi deux affiches de lui en 4*3). Et pourquoi rangerait-on Nancy Huston çà deux endroit différents ? Pourtant, dans ce blog même, le classement par langue s'est imposé. Littérature francophone, anglophone, d'Egypte ou serbe ... Cette classification me plonge parfois dans des abîmes de perplexité lorsqu'il faut attribuer ou créer la catégorie adéquate pour un roman d'une langue un peu plus rare. Un roman grec par exemple : Asie ? non. Europe de l'Est ? non plus. Il faudra créer Europe du Sud... ou Balkans ? Mais bon, je pense qu'une fois mes catégories décidées grâce aux cartes géographiques de Wikipédia, le résultat est plus simple et plus lisible pour tout le monde ...

Pour en revenir à Granny Webster, je ne ferai pas durer le suspense plus longtemps, j'ai adoré ce petit bouquin. Il me semble décrire la décadence d'une famille bien comme il faut. Encore que, pour qu'il y ait une décadence, il faut qu'il y ait eu une apogée, ce que le livre se garde bien de raconter. Il n'est finalement que délicieusement méchant ce qui, comme vous le savez, me rend infiniment joyeuse. Oui, c'est comme ça, méchanceté bien écrite est joie du lecteur. Et gentillesse mal écrite ruine de l'âme, assurément.

Granny Webster c'est la grand mère de la narratrice. On me l'a décrite comme une Tatie Danielle, mais ce n'est pas vraiment ça. Elle n'est pas méchante. Elle est hautaine, rétrograde, franche, elle ne s'encombre pas de circonvolutions ce qui aujourd'hui passe pour une horrible méchanceté, mais il me semble que dans son esprit ce n'est que de l'honnêteté et de la droiture. Après tout un compliment, si on ne le pense pas, ça reste un mensonge (Masters sors de ce corps).

L'écriture est donc délicieuse, même si elle décrit des horreurs, la narration est fluide et ce long flash-back (enfin, long, tout est relatif le roman ne compte que 140 pages) est un vrai bonheur.
Ninaintherain
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le 28 mars 2012

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