Le mot qui convient le mieux pour définir Jean d’Ormesson est sans nul doute celui de sagacité. Sa finesse d’esprit se répand comme une légende. Il en démontre une fois de plus le complet instrument avec ce petit opuscule qui fait suite à sa trilogie sur le temps, l’univers et le rien. Un petit guide roboratif pour le commun des égarés.
D’Ormesson y développe quelques notions puissantes, qu’elles soient philosophiques, ésotériques ou poétiques. Son chapitre sur la joie est simplement somptueux, plein de délicatesse, de clairvoyance et d’intelligence et instantanément devenu chez moi aussi culte que l’éloge de la solitude dans le Zarathoustra de Nietzsche
Bien sûr on n’y apprend rien de nouveau, certains parleront de banalités ou de truismes. Nous ne saurions leur donner tort mais que celles-ci sont majestueusement formulées dans une langue limpide et efficace ; s’adonnant au plaisir de nous faire lire ce que l’on savait déjà ou ce que l’on subodore mais d’une perception nouvelle qui nous donne le sentiment d’avoir découvert comme une huitième couleur, l’octarine de Pratchett.
Et puis il y a l’ordre des sujets abordés qui ne s’enchaînent pas par hasard mais suivent une logique croissante d’importance, c’est ainsi que nous débutons par l’étonnement pour finir par la vérité, l’amour et puis Dieu, puisqu’il lui restait cinq minutes.
Pour conclure, un livre de peu de pages mais titanesque par la beauté du contenu. Jean d’Ormesson illumine la littérature française de son empreinte d’esthète toujours aussi naïvement profonde. Sa candeur nonagénaire relève du sublime et du génie. Sa culture et son expérience mises au service d’interrogations adolescentes qui viennent avec elles.
Jean d’Ormesson, maître incontesté du verbe, il est notre roi à tous, les fidèles sujets du royaume de l’écrit.
Samuel d’Halescourt