Héritage par Nina in the rain
Si Grasset s'abaissait à faire des trailers pour ses romans (grâce au ciel ça ne se fait pas encore en France, ou très peu), ils pourraient dire « Cette rentrée, lisez du Shakespeare ». Ça aurait de la classe. Ils ne le feront pas, et à la place nous n'aurons qu'une couverture un peu tristounette et un bandeau qui n'a pas grand chose à voir avec le contenu du roman. Bon, bien sûr, si on s'en sert pour le pitch, c'est excellent : « c'est l'histoire d'un mec qui rentre par erreur dans un funérarium et qui grâce à ça hérite de 17 millions de livres sterling » (je suis obligée de préciser sterling, sinon je sais que vous allez penser à autre chose, bande de monomaniaques papivores). Là, normalement, vos antennes se sont relevées, vous sentez qu'il y a quelque chose à lire, que ça a l'air sympa, voyons voir voyons voir. Si vous êtes comme moi, vous n'avez d'ailleurs même pas de jaquette tristoune, juste un bon vieux papier jaune de chez Grasset (Dieu que j'aime ce papier jaune), vous lisez la quatrième de couverture qui est bien faite pour une fois (VOUS ME LISEZ, BANDE DE SPOILERS DE JANE EYRE ????) et ça vous donne encore plus envie de plonger là-dedans.
Vous commencez à lire sagement, la scène d'exposition se déroule dans le Bush australien, on se dit que c'est un peu bizarre comme incipit mais bon, et puis tout à coup, au détour d'une page, ça commence. Paf. On se glisse dans la peau d'Andy et vogue la galère.
Je crois que ce roman contient tout ce que j'aime : une histoire qui va de la naissance à la mort du personnage, une femme volage, une réputation bafouée, un méchant pénible et gluant, un jeune premier innocent mais gentil, une vieille femme qui sait tout ... Rajoutons à ça l'Angleterre, le génocide arménien, l'Australie et saupoudrons-le de quelques eucalyptus ... Je l'ai commencé un matin et l'ai terminé le soir même, accrochée à ses personnages et à son histoire qui se déroule de manière assez linéaires malgré quelques flash-backs dans le flash-back, pour décrire la vie d'un homme que l'on commence par détester et puis... je ne vous en dis pas plus, je ne veux pas éventer tout le roman.
Je n'ai qu'une seule remarque à faire : la fin. Le dernier chapitre. Dommage. Mais ça ne gâche tout de même pas un excellent petit roman qui, s'il n'atteint pas des sommets de littérature, est un de mes petits préférés de cette rentrée qui s'annonce plutôt sympathique à mon goût.
Un dernier détail. Nicholas Shakespeare, vous en aviez entendu parler, vous ? Parce qu'il a écrit plusieurs romans, dont un seul a été traduit chez Albin Michel il y a des années, épuisé et jamais publié en poche, et depuis plus rien. Joignez-vous à moi au sein du CPLPDODSNPLLA, le Comité Pour La Publication Des Oeuvres De Shakespeare (Non, Pas Lui, L'Autre). C'était le jeu de mots débile de la fin. Mais publiez quand même ses autres romans s'il vous plaît.
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