Fiche technique

Auteur :

Philippe Jockey
Genres : Histoire, EssaiDate de publication (pays d'origine) : 2008

Éditeur :

Le Cavalier Bleu Editions
ISBN : 978-2846702065

Résumé : L'Archéologie : un monde merveilleux, L'Aventure de l'archéologie, Révélations de l'archéologie, ces trois titres, pris presque au hasard parmi tant d'autres dans une littérature de vulgarisation toujours en vogue, nous rappellent le succès extraordinaire de l'archéologie auprès du grand public depuis plusieurs décennies. C'est un fait, l'archéologie nous fait toutes et tous rêver, incontestablement. Au point d'en oublier, souvent, une réalité plus prosaïque que films, romans d'aventure et désormais blogs enthousiastes sur le Net ne le laissent supposer. «Miracle» de la création ou de la communication moderne, un personnage - et un seul - nous vient à l'esprit lorsque nous évoquons l'archéologie : Indiana Jones. Il est un patchwork de toutes les images récentes ou plus anciennes que ce mot magique éveille. Aventurier des temps modernes, intrépide, toujours en quête d'absolu, il est à ce jour, certainement, au petit nombre des personnages de fiction les plus universellement connus. Figure consensuelle, transnationale par définition, il paraît généreux, droit, incorruptible et animé par le seul intérêt commun. Implacable aussi, quand il use de son fouet, toujours accroché à sa ceinture, il menace d'une punition méritée les «méchants», trafiquants et autres voleurs. Oserait-on écrire qu'il incarne aussi le politiquement correct par excellence ? Quoi qu'il en soit, son image est si forte en nous qu'il suffit de son fameux chapeau pour l'évoquer. Certains archéologues ne s'y sont pas trompés, d'ailleurs, qui arborent fièrement cette métaphore de l'archéologie en feutre, en vente sur Internet sous la dénomination «Borsalino Indiana», pour la modeste somme de... 185 euros ! Un site Web célèbre pour son caractère d'encyclopédie populaire interactive lui consacre même aujourd'hui une page, finissant de lui conférer une identité réelle. «Indiana Jones, de son vrai nom Henry Walden Jones, Jr...», peut-on même y lire en introduction. Généalogie invérifiable... Face à un enthousiasme si communément partagé, on s'en voudrait presque ici d'apparaître comme un briseur de rêve en évoquant, par exemple, la dure condition actuelle de l'archéologue professionnel, bien loin de cette image d'Epinal, si l'on peut dire. Ou encore en rappelant que l'archéologie n'a plus aujourd'hui que très rarement l'ampleur des grandes fouilles des siècles passés... Certes, il est légitime d'apporter ces bémols et d'autres encore à cette vision idéale de notre discipline que résumaient bien, dès 1949 (1953 pour l'édition française), le titre quasi magique et le contenu du livre de C. W. Ceram, Des dieux, des tombeaux, des savants, le premier grand ouvrage de vulgarisation consacré à l'archéologie. Une pépinière ou un conservatoire, c'est selon, d'idées reçues, s'il en fut jamais. Pour autant, loin d'avoir un quelconque monopole en la matière, le grand public trouve dans les acteurs de l'archéologie des rivaux de choix ! Ceux-ci, en effet, à force de prendre presque systématiquement le contre-pied de l'opinion commune, non sans quelque condescendance parfois, tombent vite dans ce même travers. Ils en viennent même à négliger l'essentiel : non pas tant la «vérité», toujours relative et vite démodée, de telle ou telle idée sur l'archéologie, mais sa genèse même, nécessairement inscrite dans une histoire plus générale, et les raisons théoriques et pratiques de son succès. Car au fil de son élaboration, tel ou tel lieu (réputé) commun croise nécessairement l'aventure humaine et technique de nos sociétés, leurs croyances et leurs philosophies de l'existence. À quoi bon lutter contre l'idée confuse mais obstinément défendue d'une naissance de l'archéologie dans la Vallée des Rois égyptienne ? Ne vaut-il pas mieux s'interroger d'abord sur les raisons profondes - quasi existentielles - d'une telle erreur ? Pourquoi vouloir dénier ou conférer à tout prix à l'archéologie son statut de science ? Interrogeons-nous plutôt sur les raisons pour lesquelles on l'a très tôt investie, peut-être à son corps défendant, d'une mission impossible, touchant à la quête de nos origines. Dans le refus que certains opposent à l'inverse à ce statut, n'y a-t-il pas aussi matière à réflexion ? C'est un fait, à chaque instant, l'archéologie rencontre l'histoire. Notre histoire. C'est pourquoi nous essaierons, dans les pages qui suivent, non pas tant de substituer une idée reçue à une autre, que de nous interroger, avec la complicité active de nos lecteurs, sur le sens qu'il faut donner à ce mouvement perpétuel.