Il faut sauver John Lennon par Cédric Moreau

Karl Bender est barman à Chicago. Et rockeur. Ancien guitariste d’un groupe qui a connu le succès à la croisée de ce siècle et du précédent, il mène désormais une vie rangée et calme, se consacrant pleinement à son travail. Mais sa petite vie paisible prend une tournure beaucoup plus mouvementée le jour où il découvre que le placard de sa chambre abrite un portail temporel. Trouvant là l’opportunité de pouvoir assister à tous les concerts mythiques qu’il a ratés, et profitant de l’occasion pour se faire un peu d’argent en « vendant » des places pour ces concerts, Karl est ravi. Mais tout va très vite partir en sucette lorsque, suite à une erreur de manipulation du portail, il envoie son meilleur ami non pas en 1980 comme prévu, mais en 980 !


Truffé de références rock, j’ai adoré ce livre ; étant moi-même musicien et féru de rock, il pouvait difficilement en être autrement ! Toutes ces références servent une intrigue savamment pensée et construite. Le piège avec les récits évoquant les voyages temporels, c’est de mettre en place quelque chose d’incohérent, de développer une trame sans queue ni tête et de perdre le lecteur en cours de route, ce qui n’est pas du tout le cas dans ce roman. Tout y est très cohérent et les conséquences des nombreux allers-retours des personnages dans le passé semblent plus que plausibles. De plus, le monde futuriste imaginé par l’auteure s’avère fouillé, ajoutant à la qualité de son récit. Elle maîtrise également à la perfection l’art du dialogue ce qui fait que les échanges entre ses différents personnages sont un bonheur à l’état pur.


En définitive, le seul défaut de cet excellent roman est son titre français : un titre on ne peut plus mal trouvé, qui, en plus de n’avoir strictement rien à voir avec le titre original (Every anxious wave), ne reflète nullement le contenu de l’ouvrage où il n’est pas du tout question de John Lennon ! Tout au plus est-il évoqué à deux ou trois reprises, mais sans faire partie de la trame du récit pour autant. Il n’en reste pas moins que Il faut sauver John Lennon, puisque c’est ainsi qu’il se nomme dans nos contrées, est un excellent roman et que j’ai passé un très agréable moment en compagnie de Karl Bender.


A noter également la singulière et très bonne initiative de l’éditeur qui propose, à la fin de l’ouvrage, un lien vers une playlist musicale censément composée par le protagoniste principal du récit et qui plonge parfaitement le lecteur dans l’ambiance très rock’n’roll de ce roman – playlist au son de laquelle je tape du pied en écrivant cette critique !

Cortex69
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le 17 févr. 2017

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