« Un président n’est pas simplement investi d’une action, il porte aussi les valeurs de notre pays », a affirmé Emmanuel Macron en se déclarant candidat à l’élection présidentielle. En neuf mois, l’ex-ministre aura lancé son propre mouvement, En Marche, quitté son poste à Bercy et officialisé ses vues sur l’Elysée. Mais quelles sont, justement, les « valeurs » de cet énarque, passé par la banque d’affaires et le haut fonctionnariat ? C’est ce que propose de décortiquer cette Introduction inquiète à la Macron-économie.
Thomas Porcher, docteur en économie et membre des Economistes atterrés, et Frédéric Farah, professeur de sciences économiques et sociales et chercheur, s’appuient sur treize phrases prononcées par l’ancien ministre. Le but ? Analyser le programme qui se dessine derrière des affirmations telles que « L’Etat doit continuer à donner plus de souplesse au marché du travail », « Le statut de fonctionnaire est de moins en moins défendable » ou encore « Il y a un conservatisme de gauche qui ne veut pas la réforme ».
Derrière son modernisme revendiqué, selon lequel ceux qui ne sont pas en marche sont forcément pour le repli, Emmanuel Macron s’inscrit en réalité dans les sillons de trente ans de libéralisme. A sa sa flexibilisation du marché du travail, les auteurs opposent le chômage toujours croissant qui en découle. A sa soif inextinguible de réformes, ils rappellent la remise en cause du modèle social français, opérée depuis les années 1990, qui n’a jamais relancé la croissance. Sur la question du chômage, ils lui reprochent « une lecture méritocratique individuelle qui fait fi des inégalités primaires » et occulte l’environnement social et la conjoncture politique.
Plus que la déconstruction du seul programme d’Emmanuel Macron, Porcher et Farah rappellent les échecs répétés de politiques d’austérité et leurs dégâts. L’ouvrage, complet et pédagogique, aborde ainsi les questions du travail, du chômage, de la productivité, dans une perspective à la fois économique et historique. A lire d’une traite, un crayon à la main, pour comprendre le monde d’aujourd’hui.