Adrien Le Bihan consacre une biographie (la première en français) à Isaac Babel, écrivain russe. Aujourd’hui un peu oublié, ce grand romancier a laissé son nom à la collection poche d’Actes Sud. Ce livre nous permet de découvrir sa vie, son œuvre et surtout son époque. L’une des forces du travail d’Adrien Le Bihan est de lier ces trois éléments et de montrer leur interdépendance.
Isaac Babel est né en 1894 et mort assassiné selon la volonté de Staline. Isaac Babel était juif et communiste. Retracer la vie de cet homme, c’est décrire une période marquante de l’histoire de la Russie : celle qui a vu la disparition des tsars et le commencement du communisme. S’approcher d’Isaac Babel, c’est découvrir un homme qui transgressa sa religion par ses choix personnels et sentimentaux. Interroger le travail d’Isaac Babel, c’est essayer de discerner le vrai du faux dans ces nouvelles réalistes. Cet écrivain se présentait comme un témoin mais la fiction pris parfois le pas sur les faits. Nous plongeons ainsi dans les secrets de fabrication et de création.
Adrien Le Bihan dresse le portrait d’un homme qui essaya de ménager la chèvre et le chou grâce à la protection d’un écrivain comme Gorki. C’est l’image d’un auteur ambitieux devant choisir entre l’amour de son art et l’obéissance au pouvoir communiste.

A travers cet écrivain, c’est toute l’administration et l’organisation russes qui ressortent avec ses personnalités qui grimpent les échelons ou disparaissent d’un seul coup. La violence de ce monde clos est plus que présente. Il est peut-être dommage de ne pas avoir plus de cartes pour visualiser le territoire étendu sous cette domination. Le cadre géographique aurait permis de comprendre les lieux de pouvoir.
En revanche, la méconnaissance de toute cette histoire pèse également sur la lecture. Il faudrait mieux connaître les généralités sur l’URSS pour mieux aborder le cas particulier d’Isaac Babel. Mais on ne peut reprocher à Adrien Le Bihan d’attiser notre curiosité et de pointer nos lacunes. Plonger dans la vie d’Isaac Babel, c’est se lancer ensuite dans la lecture de Cavalerie rouge ou les Récits d’Odessa.

Graffiti
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le 4 nov. 2015

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