Les nuits où le vent torride du désert franchit les montagnes [...], les habitants du sud de la Californie se réveillent en sachant que le Santa Ana s'est levé avant eux…
Bien qu'un peu inégal (déception notamment des nouvelles écrites avec James Blaylock, dont je n'ai pas ailleurs pas lu les romans), ce recueil contient de nombreuses pépites, en particulier dans le style dans lequel Tim Powers excelle selon moi et qu'il a adopté dans l'excellent roman "Poker d'âmes": le fantastique à hauteur d'homme, intime, vu par les personnages, ancré dans le réel, dans un cadre américain typique, à grand renfort de descriptions qui campent le décors sans jamais ralentir l'intrigue.
Cette nuit là, le Santa Ana charriait vers l'est des détritus divers [...]. Cette nuit là une chose non identifiable […] longea la vitrine nord de la Cantina de Guillermo, un resto ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre…
On y retrouve les thèmes typiques du fantastique: conclave de vampires, voyage temporel, amour d'outre-tombe, double maléfique, un texte lovecraftien; etc. Ma préférence va à Turbulences ("Night moves" en V.O.), texte dans lequel on retrouve la mythologie de Poker d'âmes dans laquelle tous les détails les plus anodins, du clignotement des feux de circulation au souffle du vent, deviennent des signes de choses plus grandes, de retours de fantômes et d'altération de la réalité.
Et, à l'instant où les premiers rayons du soleil effleuraient le sommet des palmiers démesurés qui cernaient le rond-point, une chose non identifiable que nul ne remarqua se laissa couler au fond de la fontaine après avoir enfin trouvé le repos.