Gay today - what's the f...
Non que je n'y prenne plaisir - mais autant exactement qu'on peut en avoir à lire une tranche de vie dans le déroulé d'un blog.
En 12 chapitres de la forme "je fais/je suis", l'auteur parcourt d'un air à demi étonné les grandes lignes d'une vie gay urbaine contemporaine à laquelle il ne s'identifie pas complètement, épargnant d'autant moins les idées reçues qu'il se définit lui-même comme un plutôt-romantique sous-consommateur d'une offre sexuelle pléthorique - dans les limites de la rude ségrégation par l'âge qui structure (si l'on veut) le milieu. Au passage, les portraits rapides de Marc, Christophe, Xavier, ..., à travers citations choisies dessinent les contours sommaires d'une gaytitude jeune et vaguement branchée, souvent hantée par l'âge qui vient et la no-future anxiety qui appartient, quant à lui, au monde qui s'en vient - tout ce beau monde se réfléchissant à la façon dont on se cherche toujours des raisons pour justifier des modes de vie que l'on embrasse - degré 1 du flan, le degré 0 s'identifiant au non-degré Steevy.
On s'y reconnaîtra un peu, beaucoup ou pas du tout.
Bref, tout ça ressemble un peu trop fortement à un blog mis en pages, humour gentillet, caractères barrés pour noter la rature et smiley marginaux en prime. L'auteur assume une semi-naïveté sur son sujet, qui n'est autre que lui-même à 29 ans sonnés, détouré en contraste et semi-jalousie des polygamies hyperconsommatrices contemporaines. Autre temps, autre type : celui du jeune homme romantique, fleur bleue assumé, monogame peut-être, sentimental sûrement, queutard à ses heures volens nollens, désorienté voire effrayé par les complexités de l'amour et du cul dans l'Occident post-chrétien du XXIè siècle, comme on en rencontre dans l'affolée légitime des forum d'entraide (et-alors, précisément).
Cette nouvelle carte du tendre esquissée à trop grandes lignes servira peut-être à qui se cherche quelques point de reconnaissance dans un monde où il ne se retrouve pas (celui des bars, boîtes, dragues, et autres gayromeobourdeaux). Je pense tout de même qu'un bon chat vaudrait mieux, et la construction d'autres repères que ceux de l'éternelle jeunesse : on trouvera quelques adresses sympathiquement fournies en fin de volume.
Mais bon, d'une plume journalistique sans prétention, mais somme toute sympathique... tout ça est oubliable, comme tant de pages croisées dans la noosphère.