Julien Gracq

Résumé : Entre 1967 et 2007, Jean de Malestroit a tenu un journal de ses rencontres avec Julien Gracq. Au fil de ces pages, nous découvrons un Julien Gracq en liberté.De son amour pour Nora, la femme de sa vie, à celui qu'il a porté à sa soeur jusqu'à la fin, c'est l'éthique et le sens de l'humain que nous découvrons dans ce document inédit.Jean de Malestroit nous montre avec naturel combien l'amitié, la lucidité sur le monde, les goûts littéraires et artistiques importaient à Julien Gracq. Sans forfanterie, l'auteur nous permet de pénétrer dans l'intimité de cet écrivain majeur du XXe siècle.Écrivain par vocation, viticulteur par obligation, Jean de Malestroit n'a pas laissé, malgré son enracinement, le régionalisme dominer son oeuvre. A travers ses différents écrits (essais, nouvelles et romans), il s'inscrit dans la grande famille littéraire française.Extrait du livre :J'étais fervent lecteur de Julien Gracq. Quand parut Lettrines, en 1967, je découvris qu'il passait au moins une partie de l'été à Saint-Florent-le Vieil, localité au bord de la Loire, en Anjou, à quarante kilomètres du domaine de vignes où, tout en m'essayant à écrire, j'avais fixé mon existence.Nous étions en juillet, il pouvait se trouver là. Je lui adressai une lettre d'invitation, en grand doute que cet homme qui ne me connaissait pas et passait pour peu avide de communication vînt à moi. C'est dire mon éclatante surprise quand peu de jours après il me téléphona : «Ici Julien Gracq. J'ai reçu votre lettre. Puis-je venir cet après-midi ?»Lorsqu'il est descendu de sa voiture, au bruit de laquelle j'étais accouru, nos sourires se sont croisés, j'ai senti l'émotion se rouler en moi comme une vague contre le sable chaud devant cet homme aux yeux brun clair très doux, imperceptiblement enfantins et un peu tristes, d'allure encore jeune, dont l'air dégagé et pourtant modeste, aisé et extraordinairement simple, semblait m'exprimer d'emblée une sorte de fraternité spirituelle, faite de confiance, de générosité,