Quand j’ai commencé la lecture, j’ai été un peu perdu dans la multiplicité des personnages. Sans compter les retours en arrière que rien n’annonce, les chapitres ne comportant pas en effet de repères temporels. En particulier, à un moment, il m’a fallu plusieurs chapitres avant de comprendre que la narration venait de faire un saut de plusieurs siècles dans le passé. Au stade de l’histoire où il se produit, il n’a cependant pas entraîné de perte du fil du récit. Et plus tard, j’avais saisi les mécanismes de l’histoire et compris ce qu’évoquait ce genre de passage avant même leur fin.
Le principal défaut de ce roman reste cependant la longue mise en place de l’univers au début, malgré tout indispensable à la compréhension de la suite. Heureusement, cette introduction se révèle pleine d’action. Par endroit, elle constitue même une nouvelle histoire enchâssée dans la trame principale.
Toutefois, au fur et à mesure que la narration progresse, les éléments se positionnent à la manière d’un puzzle et la lecture s’en trouve facilitée. En fin de compte, nous avons un récit complexe comme je les aime avec des personnages variés et qui offre aussi bien de l’action que des scènes plus reposantes, voire par moment, romantiques. Et la surprise est souvent au rendez-vous.
Un autre aspect qui m’a également bien plu est qu’il échappe aux clichés du genre. Le héros n’est pas un garçon de ferme, héritier d’un illustre ancêtre et qu’une prophétie a désigné comme le seul sauveur du monde. D’ailleurs, il n’y a pas de héros à proprement parler. Certains rôles s’avèrent plus importants que d’autres – Irida et Emaelle en Chyldérie, Korgh et Taros en Maravie, ou encore Gaalien – mais aucun ne semble prendre la prééminence sur les autres. D’ailleurs, certains personnages, si on les rencontre assez tôt dans l’histoire, révèlent leur importance assez tard.
C’est donc un roman peut-être un peu délicat à appréhender, mais si riche, foisonnant en action et en rebondissement, en individus intéressants avec une trame complexe. Une réussite.