Mélancoliques mimoïdes
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Si l'on trouve bien l'essentiel concernant l'histoire et les évolutions de la photographie professionnelle dans cet abécédaire, il recèle néanmoins quelques défauts majeurs, le moindre n'étant pas le manque de pédagogie et de clarté de l'auteur. En effet, celui-ci fait preuve d'une fâcheuse tendance à considérer certaines données comme acquises par tous, d'où des ellipses et des omissions qui tendent à porter la confusion dans le cerveau du lecteur, novice ou pas. C'est particulièrement frappant dans le chapitre introductif intitulé La photographie racontée, où les découvertes, évolutions et termes techniques sont traités un peu par-dessus la jambe. Résumer dix ans de recherches en une ou deux phrases peut se révéler très préjudiciable à la lecture, d'autant plus lorsqu'on écrit, comme c'est le cas ici, pour un grand public, donc non averti.
Autre petit souci : on ressent un peu trop l'état d'agacement de l'auteur, notamment pour tout ce qui concerne le photojournalisme. Certes, il n'est pas inintéressant de pointer certains problèmes concernant la profession, mais pour autant, il me paraît inutile de laisser percer une rancœur constante. Pierre-Jean Amar va jusqu'à se plaindre que Le Monde de 1978 n'a consacré que cinq lignes à la mort de Eugene Smith en 1978, alors que l'exposition de Cindy Sherman au Centre Pompidou en 2002 se voyait honorée d'une page entière dans Libération : on ne voit pas bien comment l'on peut établir un rapport entre les deux (deux événements différents, deux époques différentes, deux journaux différents, bref, deux faits et deux contextes entièrement différents), sauf à ressasser un ressentiment personnel qui n'intéresse guère le lecteur. D'ailleurs, notons qu'il n'existe aucune entrée "Cindy Sherman" dans l'abécédaire, ni d'ailleurs aucune entrée concernant une femme photographe : vous ne trouverez pas plus de Julia Margaret Cameron que de Nan Goldin ici ! On peut également regretter que la photographie amateur ne soit finalement que très peu évoquée, alors qu'il s'agit un phénomène particulièrement important dans le développement et l'évolution de la photographie.
Cela dit, tout n'est pas non plus à jeter. C'est un document utile auquel se référer en cas de panne de mémoire, mais aussi pour se se remettre en tête certains noms de la photographie ancienne qu'on a tendance à oublier comme Fenton, Gardner, O'Sullivan, Sander ou d'autres. Mais c'est le genre d'ouvrage qui ne peut servir que de complément et qui réclame une autre approche en parallèle, notamment pour tout ce qui touche à la technique. On est loin de l'ABCdaire de Klimt, dans la même collection, qui allie avec un grand bonheur pédagogie et concision. C'est dommage.
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Créée
le 22 juil. 2016
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