Au diable la peur du dithyrambe ! Quand on aime une œuvre on doit en faire sans mesure son éloge. À cet égard, "L'abbé Grégoire s'en mêle" mérite amplement la propagation de sa notoriété. À celà plusieurs raisons ; D'abord il s'agit d'un excellent "whodunit" parfaitement maîtrisé, non seulement par son intrigue, mais également par le formidable travail de documentation qui est réalisé. La période annonçant la Révolution française est remarquablement décrite et son cadre Messin offre un éclairage détonant. On peut même y trouver un écho contemporain, lorsque en contrepoint du roman est évoqué la question du "séparatisme" (anachronisme volontaire) du peuple Juif. Ensuite, Augustin Duroch ainsi que la pléiade de personnages secondaires (et parfois récurrents) sont parfaitement incarnés, par la grâce d'une écriture élégante et soignée qu'insufle Anne Villemin Sicherman. "L'artiste vétérinaire" s'inscrivant dans la lignée d'un Nicolas Le Floch du regretté Jean François Parot ou le Louis Fronsac du talentueux et prolifique Jean D'Aillon. Enfin, Anne Villemin Sicherman écrit à la manière des peintres qui utilisent la technique du "sfumato", qui exécute une succession de glacis, abolissant ainsi les contours entre une œuvre romanesque et la toujours nécessaire vulgarisation de notre Histoire.