Bienvenue dans L’Archipel des Nuées, roman d’Éric Nieudan dans lequel les îles sont des pics, les mers des nuages et les flux æthériques servent de courants aux nefs volantes!
Vous y croiserez Molesto le Gobelin, Esmé l’Elféline, Bartolin Bravache et l’inquiétant Docteur Kogg, au milieu d’autres corsaires, mercenaires et flibustiers, tout ce petit monde se battant à coups d’épées, de mousquetonnerres et de grenades alchimiques.
Si vous suivez ce blog depuis quelques temps, vous savez qu’Éric est un ami et que, par conséquent, je vais avoir un peu de mal à médire sur ce roman de cape et d’épée dans un monde fantastique mêlant magie, science, alchimie et davincipunk à grand spectacle.
C’est baroque, c’est enlevé, c’est foisonnant, c’est éminemment sympathique. Les ressorts sont très classiques, avec une belle brochette d’archétypes – le jeune dégourdi aux origines modestes, la mystérieuse épéiste, le nobliau déchu avec plus de panache que de jugeotte, le méchant qui cache un Sombre Secret, etc. Mais tout fonctionne plutôt bien.
Cela dit, j’ai quand même eu un peu de mal. Je suppose que c’est en partie un problème de forme: L’Archipel des Nuées est un roman très dense, dans sa mise en page et aussi dans son style.
Il souffre d’un problème courant dans les bouquins de fantasy: le jargonnisme rampant. En d’autres termes (car « jargonnisme rampant » est aussi du jargonnisme), il utilise beaucoup de termes propres à l’univers, ce qui peut parfois causer quelque confusion. Il y a certes un glossaire (assez amusant, d’ailleurs) en fin de volume, mais ce n’est pas toujours idéal.
Cela dit, l’ensemble reste lisible et la plupart des termes exotiques font sens dans le contexte. Au reste, ça fait un peu partie du jeu, de l’ambiance générale du bouquin. Mais je commence à penser que le style « cape et d’épée baroque flamboyant » est plus adapté à la forme courte qu’à des textes longs.
J’ai aussi un petit souci avec la façon dont ce tome se termine. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est de la queue de poisson, mais le dépassement est peut-être un poil trop viril, tout de même. À tout le moins, cette fin appelle une suite.
Cela dit, je ne peux pas dire que cette lecture m’ait déplu – et pas seulement parce qu’Éric est plus grand et plus fort que moi (et qu’il a plein de copains vikings). Ça fait depuis un petit moment que je sais que l’animal maîtrise les codes du pulp et du cape-et-épée et, du coup, ce roman passe tout seul, malgré les imperfections susmentionnées.
Et puis bon, si ce n’est pas un Roman-de-Rôliste™, on sent tout de même l’auteur de jeux de rôles derrière l’univers foisonnant et on se prend à se demander quel personnage on aimerait jouer dans un tel contexte. Qui sait? En plus d’une suite, peut-être aurons-nous un jour le jeu qui va avec?