Avec "The age of X" (L'ère des miracles), Richelle Mead a choisi de sortir de sa zone de confort. Elle nous présente un monde post-pandémie, le virus ayant ravagé la civilisation modernes il y a au moins plusieurs générations. De cette chute du monde moderne, une nouvelle force a émergé: La RUNA - République Unifiée Nord Américaine. Joyau du monde, oasis d'une nouvelle civilisation qui a su développé gagner en avancé technologique, tout en bannissant certains concepts qu'elle juge responsable de la période sombre qui a précédé son ascension: les recherches génétiques en premier lieu, les religions et croyances obscurantistes en second.


En plongeant dans la science-fiction, Richelle Mead oublie vampires ou démons qui ont fait son succès. Place à un monde où l'on vous met des puces, régule relativement les naissances et vous abreuve d'écrans. N'allez pas croire qu'on se trouve dans une énième dystopie adolescente, au contraire cette société n'est ni moins ni plus nauséabonde que la notre. Mon point de vue culturel joue aussi: pour un français découvrir un état fort, athée, solidaire, finançant les études de ses citoyens, garantissant la paix dans ses rues en interdisant les armes et prônant des politiques sévères contre les drogues... c'est proche de ce que je connais. Pour les lecteurs américains, dont les présidents jurent sur la Bible et où les sectes pullulent, qui veulent des armes dans l'optique de se défendre du gouvernent et qui n'ont quasiment pas de protection sociale, c'est le jour et la nuit. Mais pas pour autant une dystopie.


L'idée est aussi de s'inspirer de l'antiquité greco-romaine, en particulier pour former cette nouvelle société. La RUNA est ainsi une République romaine moderne, avec sa capitale Vancouver, sa citoyenneté sacro-sainte, ses prétoriens, les provinces à l'extérieur et la lumière que la RUNA doit apporter à ces barbares, ses consuls à élire, sa classe patricienne orgueilleuse, etc. D'autres éléments antiques se rajoutent en chemin comme le mythe de Paris et de la pomme d'or.


Au niveau de son schéma de personnages, Mead fait aussi de vrais efforts. On suit en effet trois héros en simultanée à travers les chapitres de ce premier tome. Si Tessa peut paraître de moindre importance - je vous défie de trouver une présentation du livre la mentionnant - elle n'en est pas moins essentielle dans la démarche de l'auteure, car son point de vue de jeune étrangère venue d'un Panama assez proche de notre XXeme siècle, permet de donner un point de vue d'identification sur la découverte de ce monde d'après la chute et la renaissance. Si ce joyau du monde qui lui ouvre ses portes la fascine, elle n'en est pas pour autant aveugle, et se montre même plus lucides que ses habitants mêmes sur les rouages qui animent cette machine.


Pour Mae et Justin, Mead sort de sa traditionnelle écriture où les deux sont immédiatement amoureux. Si l'acte charnel arrive très vite, on est bien davantage dans une relation de duo policier si chère aux séries procédurales. Car si beaucoup de choses changent, on reconnaît bien Mead et certains de ses thèmes: le polar fantastique et les religions...


Sans m'attarder, je trouve que le paris de l'écrivaine est une franche réussite, avec un roman de sf de qualité, attachant, exploitant l'amour des religions de sa créatrice avec des thèmes plus traditionnels de sf, et un trio de personnages dans l'ensemble réussi.

WeaponX
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le 4 sept. 2020

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