Shari Lapena, autrice canadienne, signe, ici, son deuxième roman policier. Après "Le couple d'à côté", ce nouvel opus exploitera la veine de la méfiance, de la surveillance et de l'invention de mondes qu'un voisinage est capable d'inventer pour tuer le temps, se faire peur ou tout simplement se venger de la vie. Est-ce que cela suffira à lui octroyer le badge de thriller ? Pas sûr !
Sous des apparences d'un polar de facture classique, aux thèmes exploités par bien d'autres auteurs qui l'ont précédée, Shari Lapena joue de la lenteur de son écriture pour opposer la méthodologie bardée de prises de recul des enquêteurs à l'explosion des questions, doutes et sentiments contradictoires qui fulgurent dans la tête et le coeur des personnages. A qui faire confiance ? Le lecteur, mené par une maître-chanteuse de la distillation des informations, ne peut que suivre, toujours un coup en retard, et se laisser surprendre par la réalité qui se cache et se joue du verni prêt à craqueler de ces petites vies de ces petites gens.
La lecture de "L'étranger dans la maison" est courte, facile, addictive et surprenante. Toujours, le lecteur grand défendeur des vies brisées aura envie de soutenir la victime... le problème étant que la casaque de victime change régulièrement d'épaules.
Bien tournée, cette histoire sera une vraie bonne détente pour les amateurs du genre qui ne manqueront tout de même pas, lors de chaque retour à la maison, de vérifier si rien n'a bougé chez eux alors qu'ils étaient dehors !
Merci à NetGalley, France et Aux Presses de la Cité de m'avoir donné de découvrir cette autrice. Je ne manquerai pas de mettre son premier policier sur ma pile à lire.