LHeureblanche #NetGalleyFrance
J'ai été accroché par le titre. Je le trouvais énigmatique et la couleur blanche évoquait chez moi tout à la fois le voilage translucide qui laisse deviner un réel qui reste à construire et la lumière du point du jour qui permet de croire en un nouveau matin.
Merci donc aux éditions Fayard et à NetGalley, France qui m'ont offert l'occasion de découvrir l'écriture limpide et très construite de Catherine Faye.
Blanche est une femme introvertie. Elle ne semble vivre que pour sa montagne, la Sainte-Victoire dont elle foule sans relâche les sentiers, toujours munie de son appareil photographique. le cadre de vie de Blanche coïncide avec celui de ce objectif qui fixe pour elle la nature, ses rochers, ses pierres et cette couverture du monde qui ne s'encombre pas des vivants et passants peu scrupuleux de préserver la Terre et sa richesse naturelle.
Mais le soir, Blanche devient Cléo. Face à son ordinateur, un bonbon à la bergamote calé sous le palais, elle s'offre aux hommes par transaction numérique. Elle fait cela sans état d'âme, simplement pour gagner sa vie, les fonds nécessaires à poursuivre son exploration de la croûte terrestre, bien plus importante à ses yeux que les détraqués qui l'habitent.
Et puis un jour, elle reçoit des appels SMS de Mademoiselle, celle qui la gardait lorsqu'elle était enfant, fille d'ambassadrice au Chili. Pourquoi Mademoiselle veut-elle renouer le contact après vingt d'ans de silence ? Et qui lui envoie des photos de là-bas ? Petit à petit, au creux de ses nuits blanches, le passé va se reconstruire et le besoin, si non l'envie, de retourner là-bas va la saisir et la guider vers d'autres sentes oubliées depuis trop longtemps.
Catherine Faye signe avec l'heure blanche un roman d'ambiance, un roman de quête, un roman de bascule vers un nouveau monde, vers une nouvelle vie. Très subtilement, durant toute cette période d'instabilité pour Blanche, le monde, cette croûte terrestre qu'elle enferme quotidiennement dans la boîte se fissure de partout. Les plaques tectoniques s'entrechoquent, cherchent leurs nouvelles places, se positionnent entre hier et demain. Blanche vit cette même transformation et cherche, enfin, son présent. Une très belle mise en perspective du chaos intérieur de Blanche, une supplique sans appel à quitter l'objectif de l'appareil et le doigt sur le déclencheur pour vivre dans, par et pour le paysage, la vie qui l'accueille.
Marcel, le garçon de café qui n'apparaît qu'en rôle secondaire est, en fait, un levier puissant pour permettre cette bascule. Il est attendrissant et trouve très justement sa place dans le récit.
Avec une maîtrise de l'écriture incontestable, Catherine Faye nous emmène au coeur de l'Homme, ici une femme, et en distille toute sa valeur. Une belle promesse que ce nouveau roman à découvrir !