Je suis ne suis pas convaincu par les qualités littéraires de l'ouvrage. J'aime beaucoup Fouad Laroui, dans De quel amour blessé il y a un vrai travail sur la langue, Dans Une année chez les français il arrive à faire passer un message tout en étant très plaisant à lire - le roman est même abordable pour des ados selon moi. Alors franchement, il n'y a aucune excuse. Ce roman ressemble bien plus à un manifeste romancé, une façon de faire passer un maximum d'idées de la façon la moins finaude possible. On atteint le summum lors du faux débat.
Je ne suis pas convaincu par les pensées naïves et stupides du "fiancé" de Fatima.
Je veux bien croire à une telle dégringolade, je veux bien croire aussi qu'il puisse exister des hommes stupides comme cela, éduqués dans cette mentalité de mâle dominant, et qui finalement n'ont pas grand chose à voir avec la religion musulmane - puisqu'il est non pratiquant. Mais franchement, ya un moment où la narration force de plus en plus le trait, dans un ressort humoristique peut-être ? Si c'est le cas, c'est un peu raté.
Je ne suis pas convaincu non plus par Fatima, par ses raisons de porter le voile, son choix de commencer à danser nue dans une sorte de sex shop. Là aussi, je le ressens comme un simple prétexte narratif pour pouvoir exposer les idées de l'auteur.
En bref, c**'est un très mauvais roman, au sens de récit qui vous raconte une histoire**. C'est mal raconté, c'est peu vraisemblable, tout ce qui le sauve c'est d'être court... Par contre, ce n'est pas un mauvais manifeste.
Il y a pas mal de bonnes idées et d'éléments qui vous amènent à réfléchir, surtout sur la fin, et c'est pour ça que je lui mets plus que la moyenne. Laroui nous donne tout d'abord à penser sur le racisme ambiant, notre façon de penser qu'un asiatique est "un chinois", le fait de parler "d'islamisation" en voulant désigner Daech et donc quelque part, de toujours rapprocher Daech de la religion musulmane, le fait qu'une belge d'origine marocaine se prendra toujours des remarques comme quoi "elle connait ça alors qu'il n'y en a pas dans son pays" même si elle n'a jamais mis les pieds au Maroc...
Et surtout, il donne à penser que la question des attentats, sur notre façon de toujours la théoriser, la peur ambiante qui pourrait nous amener à prendre tout et n'importe quoi pour un attentat. Et franchement, ça fait du bien d'avoir enfin quelqu'un capable de le formuler.
Par contre, je ne suis pas convaincu par cette alimentation du débat sur la burka, avec une héroïne pour qui il s'agit clairement d'une contrainte insupportable, de quelque chose qu'elle hait plus que tout. Tout simplement parce que cela véhicule l'idée que toutes les femmes qui la porte (et cela s'étend même assez facilement aussi à la question du voile) y sont contraintes et forcées. C'est peut être le cas de beaucoup d'entre elles, mais cela me contrarie tout de même un peu.
De même, je suis un peu contrarié par l'impression que peut donner ce roman que tous les hommes musulmans pensent comme le fiancé mâle dominateur. Même si l'auteur prend des pincettes, précise qu'il n'est pratiquant pour deux sous, pas vraiment éduqué, ça me met un peu mal à l'aise... A mes yeux ça aurait été parfait s'il y avait eu un contre-exemple.