Mélancoliques mimoïdes
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'ai apprécié ce hors-série de L'objet d'art consacré à l'exposition Dolce Vita ? du musée d'Orsay pour une double raison : il en est à la fois très représentatif et complémentaire.
L'énorme intérêt des deux, c'est de nous amener en terrain à peu près inconnu. En effet, si ce n'est le futurisme et le cas particulier de Giorgio de Chirico pour la peinture métaphysique, l'art italien du début du XXème siècle, et d'autant plus ce qui a trait aux arts décoratifs, reste à peu près ignoré des Français. C'est particulièrement vrai pour tout ce qui concerne l'Art Nouveau : si l'on connaît très bien ici les tendances française et belge du mouvement, un peu moins les versions viennoises et allemandes et peu celles venues d'Espagne (excepté Gaudi) et d'Europe de l'Est, je crois pouvoir affirmer que le Liberty italien n'est que rarement cité dans les musées, les expositions ou les livres.
Je me serais d'ailleurs attendue à ce que le magazine accorde un peu plus de place au sujet, puisque trois salles de l'expo y sont consacrées, et non des moindres : c'est peut-être la partie la plus intéressante (mais c'est l'avis d'une fervente partisane de l'Art Nouveau). Cependant, les visages de l'art italien en cette période sont nombreux et il ne peut s'agir ici que de les présenter aux lecteurs pour leur donner envie d'aller plus loin, et non se montrer exhaustif sur chaque thème. En cela, ce numéro est une réussite.
On trouve donc ici un panorama des arts plastiques et décoratifs italiens, qui va du Liberty à l'abstraction et au rationalisme, en passant par la peinture divisionniste, la peinture métaphysique, le réalisme magique et le Novecento, assorti de nombreux focus sur des créateurs comme Carlo Bugatti, Giorgio de Chirico ou encore Gio Ponti (qu'il est difficile de rattacher à un mouvement). le tout dresse un tableau suffisamment concis pour permettre au lecteur à la fois d'aborder un pan peu connu de l'art européen et de l'amener à approfondir la question en allant chercher de l'information ailleurs.
Je me dois aussi de noter qu'il est bien question dans le magazine des rapports entre le futurisme et le fascisme, avec un article sur la Maison du fascisme. le musée d'Orsay a quant à lui choisi de passer outre, quoiqu'en dise la commissaire d'exposition dans l'entretien en début de publication (c'est apparemment une mode, ces temps-ci, cette façon de ne pas traiter des sujets qui fâchent dans les expositions). Un extrait du Manifeste futuriste n'aurait peut-être pas été de trop, mais au moins l'équipe de journalistes ne joue-t-elle pas les autruches.
En outre, L'Objet d'art a opté pour une couverture assez jolie, colorée, reflétant la diversité des œuvres et des artistes présentés, qui va à l'encontre de l'horrible choix du musée d'Orsay pour son affiche (un tableau représentant un clown et devant lequel j'ai vu un enfant fondre en larmes). Un bon hors-série, donc, pour donner envie d'aller voir l'expo ou de s'y replonger, ou encore pour pallier l'impossibilité de s'y rendre.
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Créée
le 13 sept. 2015
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